Kenneth S. Serota, DDS, M.M.Sc.
© J Can Dent Assoc 2000; 66:365-6
L
e célèbre futurologue des affaires Alvin Toffler a décrit une troisième vague de lévolution humaine que les pontifes nomment lère de linformation ou lère du savoir fondée sur lesprit et alimentée par la technologie de linformation. La dentisterie est une profession axée sur la pratique, et les rouages du «modèle de petit entreprise» quest le cabinet dentaire sont faciles à adapter à la nouvelle économie soutenue par les technologies Internet.Les services offerts sur Internet tels que lacheminement des demandes dindemnisation des soins dentaires et limpartition sont déjà bien implantés au sud de la frontière et attendent en coulisse le moment opportun de prendre leur envol ici au Canada. La possibilité de gérer son cabinet par voie électronique à laide de systèmes dexploitation utilisant lInternet (fournisseurs de services dapplications) et daugmenter de façon considérable la fidélité des patients en se servant de lInternet pour éduquer et informer améliore la gestion et la rentabilité de chaque cabinet.
Au départ, la connectivité ne demande rien de plus quune adresse électronique du cabinet. Une fois quon admet que lInternet est simplement un réseau de téléphone perfectionné doté dune ligne partagée à léchelle mondiale, la valeur quon lui prête augmente considérablement. Au Canada, le nombre dhabitants branchés à lInternet est plus élevé que dans nimporte quel autre pays. La clientèle qui utilise ce moyen de communication est la même que celle qui se rend deux fois par an chez le dentiste. Dans tout cabinet, la confirmation des rendez-vous, les avis de réévaluation et les outils de marketing comme les bulletins dinformation sont des fonctions de base quun modèle de gestion fondé sur Internet permet dexécuter à un coût fortement réduit et avec une efficacité maximale.
LAssociation dentaire américaine (ADA), qui a reconnu la valeur inhérente à la commercialisation sur Internet, aide ses membres à créer des sites Web pour leur cabinet et en tient à jour une liste que les clients peuvent consulter à la page daccueil du site de lAssociation ( www.ada.org ). Les sociétés dentaires, quant à elles, sempressent de faire la même chose. De plus, lADA offre à ses membres un tarif réduit daccès à lInternet et elle a créé un centre de services de commerce électronique où lon peut trouver une vaste gamme de produits et de services à prix réduit. LADA dispose aussi dun forum de discussion en direct qui nest disponible au Canada que par lentremise du projet bénévole Canaden ( www.canaden.com ).
LEDI sur Internet
Lefficacité et la maîtrise de la situation sont des éléments clés en communications. La nouvelle capacité de transférer des images grâce aux communications électroniques exige aussi de la clarté et de lexactitude. Un système déchange de données informatisé (EDI) sur Internet présente tous ces avantages et contribue à améliorer la présentation des demandes dindemnisation.À cette fin, un comité de lADC, le Groupe de travail sur le CDAnet, sefforce actuellement de mettre au point un mécanisme incluant limagerie numérique pour la présentation des demandes dindemnisation par Internet. Cette manière de procéder revient toutefois à mettre la charrue avant les boeufs si lensemble des cabinets dentaires ne sont pas branchés à lInternet et nont pas la capacité fondamentale de numériser les images. Dans ce cas, un système dEDI sur Internet ne fonctionnera jamais à grande échelle et son acceptation par le secteur des assurances progressera péniblement si le règlement des indemnisations exige des systèmes doubles qui ne constituent pas la manière la plus rentable de faire des affaires.
Le mécanisme servant à la transmission des images électroniques et à la présentation des demandes dindemnisation est pour ainsi dire au point. En utilisant des pare-feu, les bureaux clients envoient les demandes dindemnisation chiffrées sur des serveurs protégés. Une fois que le conseiller en assurances a reçu une demande dindemnisation, il peut la télécharger à partir du site protégé et éviter ainsi toute corruption de fichier susceptible de survenir lors de communications directes.
Mais quelle est lutilité dun tel mécanisme si les praticiens ne peuvent se connecter au site darchivage sur Internet? Cette lacune peut toutefois être corrigée si lADC négocie avec un important fournisseur de services du Canada pour que tous les dentistes membres puissent être branchés sur Internet à un tarif réduit fondé sur lutilisation globale. LADC peut promouvoir lusage de lInternet et contribuer à son installation dans les cabinets den taires, avec les résultats avantageux que lon sait.
Archivage électronique
Les principales lacunes inhérentes aux médias écrits sont sans contredit les difficultés dentreposage et labsence de mécanisme ou de moteur de recherche efficace. Larchivage en format .pdf des documents touchant les soins cliniques, les assurances et les politiques se fait déjà sur le site Internet du JADC. Pour rechercher de linformation, il suffit dinscrire dans un moteur de recherche le nom de lauteur ou les mots clés désignant le sujet à létude, puis dextraire les renseignements, ce qui nest bien sûr pas possible quand on se trouve devant une pile de revues. La connectivité garantirait une large diffusion de linformation et laccès à des sources plus nombreuses.
Formation continue
Bien que rien ne saurait remplacer la camaraderie qui caractérise les congrès, les cercles détudes ou les réunions des associations, lInternet peut maximiser laspect éducatif de ces rencon tres en fournissant de linformation avant quelles aient lieu et en permettant après coup un suivi dans le cadre de groupes de discussion.
Conclusion
Linsularité est une caractéristique propre au milieu dentaire. La connectivité à lInternet a toutefois le pouvoir de réunir plus que jamais les membres de la profession. Si on considère simplement lInternet et ses fonctions auxiliaires comme un ajout technique efficace aux moyens de communication traditionnels, ces nouveautés deviendront le «mortier» qui liera la profession. LADC doit reconnaître cet atout, en tenir compte dans son énoncé de mission pour le nouveau millénaire et en faire le fondement du «modèle de gestion» des cabinets dentaires daujourdhui.
Cest sans précédent que la connectivité influera sur lassurance de la qualité et la recherche de lexcellence dans le domaine de la dentisterie. Elle aidera aussi à relier les membres de la profession très dispersés sur le plan géographique. Je conseille vivement à lADC de franchir ce très petit pas qui marquera le début dun magnifique voyage propice à la découverte.
Le Dr Serota est le cofondateur du projet CANADEN. Il exerce dans un cabinet dendodontie à Mississauga (Ont.)
Les vues exprimées sont celles de lauteur et ne reflètent pas nécessairement les opinions et les politiques officielles de lAssociation dentaire canadienne.