Michael John, MB, Ch.B., FRCP(C)
© J Can Dent Assoc 2000; 66:551-2
A
vant quun vaccin ne soit introduit, le virus de lhépatite B (VHB) représentait un risque professionnel important pour les travailleurs de la santé. Quelques-uns des taux dinfection les plus élevés ont été repérés chez les dentistes et les chirurgiens1. Les travailleurs de la santé infectés ont 5 à 10 % de chance de développer une hépatite B chronique. Plusieurs transmissions du VHB du dentiste au patient ont été rapportées au fil des ans, même si celles-ci ont diminué depuis lintroduction des précautions universelles2. Des directives récentes de Santé Canada recommandent aux travailleurs de la santé qui testent positif pour lantigène e de lhépatite B de limiter leur pratique3.Lélaboration de vaccins contre lhépatite dans les années 80 a grandement réduit le risque pour les professionnels dentaires de contracter le VHB. Une étude récente4 des dentistes du Canada a révélé que plus de 90 % sétaient faits immunisés et que 3 % avaient une immunité naturelle. Cependant, les taux dimmunisation chez les assistantes et les hygiénistes dentaires savéraient bien plus bas.
Vaccins contre lhépatite B
Lantigène de surface de lhépatite B (HBsAg) produit des anticorps neutralisants (anti-HBs) qui protègent contre linfection au VHB. Le premier vaccin contre lhépatite B, Heptavax, était dérivé de plasma humain, mais des préoccupations non fondées vis-à-vis de la contamination possible avec dautres pathogènes à diffusion hématogène ont empêché son adoption générale. Deux vaccins génétiquement modifiés, créés en insérant le gène du HBsAg dans la levure de Saccharomyces et en récoltant le HBsAg ainsi produit, sont offerts au Canada. Les vaccins Engerix B et Recombivax sont équivalents et interchangeables. La posologie recommandée se fait à zéro, un et six mois; cependant, des schémas posologiques accélérés sont possibles (zéro, un et deux mois, avec injection de rappel à 12 mois5).Le vaccin est administré par voie intramusculaire dans le muscle deltoïde, puisquune injection fessière pourrait réduire les taux de réponse. Après une série de trois doses, ce taux est habituellement supérieur à 95 % chez les jeunes gens en bonne santé, bien quil diminue avec lâge (moins de 90 % à 40 ans et seulement 75 % à 60 ans). Dautres facteurs comme le tabagisme, lobésité et la maladie chronique réduisent lefficacité du vaccin et peuvent servir à prédire le risque de non-réponse6. Les événements indésirables sont minimaux, même si des réactions légères au site dinjection peuvent se produire chez 20 % des patients.
Les niveaux danticorps nécessaires
Les niveaux danti-HBs supérieurs à 10 mUI/ml offrent une protection quasi totale contre le VHB7. Typiquement, les niveaux qui se situent dans les 100 ou 1000 mUI/ml sont atteints après une série de trois doses, et certaines autorités recommandent une quatrième dose si les niveaux sélèvent entre 10 et 100 mUI/ml. Les personnes qui ne réagissent pas à la première série peuvent se voir administrer des doses supplémentaires. Environ 15 à 25 % des gens réagiront à une dose supplémentaire, et 30 à 50 % à trois autres doses6. Selon certains rapports, le vaccin par injection intradermique, administré à doses complètes, peut produire une séroconversion chez les non-répondeurs persistents8. Les personnes qui ne réagissent pas après deux séries devraient savoir quelles peuvent être susceptibles au VHB et quelles devraient être administrées de la globuline immune dhépatite B (GIHB) après avoir été exposées au VHB.
Dépistage post-immunisation
Bien que les travailleurs de la santé exécutant des procédures invasives soient tenus de connaître leur état sérologique, le dépistage post-vaccination danti-HBs a porté à controverse. Dans une étude des dentistes canadiens, seulement 72 % ont rapporté connaî tre leur état sérologique après immunisation4. Certains affirment que ce dépistage est inutile, étant donné les taux de séroconversion élevés de la plupart des patients et le déclin de lexposition au VHB au travail. Dautres ont suggéré que le dépistage post-exposition et ladministration de la GIHB aux non-répondants sont à eux deux plus rentables que le dépistage post-immunisation6. Cette déclaration repose sur les taux de séroconversion élevés associés au vaccin et le risque dexposition relativement bas. Cependant, cela présuppose que les personnes exposées au VHB suivront par la suite un protocole post-exposition. Or, beaucoup risquent de ne pas le faire, soit parce quelles ne savent pas quun patient est porteur du virus, soit parce quelles sestiment protégées, puisquelles ont été immunisées. Un traitement post-exposition adéquat demande également de connaître le statut immunitaire pour déterminer si de la GIHB devrait être administrée. Les anticorps produits par le vaccin diminuent avec le temps, et jusquà 60 % des personnes qui, au départ, réagissent à la vaccination perdent leurs anticorps au bout de 12 ans9. Il est donc possible de leur administrer inutilement de la GIHB.
Les doses de rappel du vaccin contre lhépatite B sont-elles nécessaires?
Quand les vaccins recombinants ont été introduits, on recommandait, entre autres, des doses de rappel du vaccin après cinq ans en raison du déclin des niveaux danticorps. Cependant, des études ont montré que même si les niveaux anti-HBs tombent au-dessous de 10 mIU/ml et quune infection se produit, ces doses ont un effet transitoire et cliniquement invisible; de plus, la maladie chronique ne se développe pas. Ainsi, le Comité consultatif national de limmunisation ne recommande plus les doses de rappel pour les personnes immunocompétentes ni le dépistage périodique déterminant les niveaux danticorps10.
Conclusion
Tous les professionnels dentaires non immunisés devraient être immunisés avec le vaccin contre lhépatite B recombinant. La sérologie post-immunisation devrait être effectuée pour assurer la séroconversion et prévoir dautres immunisations et prophylaxies post-exposition. Après la séroconversion, les vaccins de rappel ne sont pas requis.
Le Dr John est directeur de la Division du contrôle des infections, Sciences de la santé de London et Soins de la santé de St. Joseph, London (Ontario).
Écrire au : Dr Michael John, Microbiologie et immunologie, Centre des sciences de la santé de London, Campus Victoria, Site Westminster, 800, chemin Commissioners E., London, ON N6A 4G5. Courriel : michael.john@lhsc.on.ca.
Les vues exprimées sont celles de lauteur et ne reflètent pas nécessairement les opinions et les politiques officielles de lAssociation dentaire canadienne.
Références
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3. Health Laboratory for Disease Control. Proceedings of the consensus conference on infected health care workers: risk for transmission of bloodborne pathogens. Can Commun Dis Rep 1998; 24Suppl4. http://www.hc-sc.gc.ca/hpb/lcdc/publicat/ccdr/98vol24/24s4/index.html
4. McCarthy GM, Koval JJ, MacDonald JK. Occupational injuries and exposures among Canadian dentists: the results of a national survey. Infect Control Hosp Epidemiol 1999; 20:331-6.
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