Gillian M. McCarthy, BDS, M.Sc.
John J. Koval, PhD
Michael A. John, M.Sc., M.B.Ch.B., FRCP(C)
John K. MacDonald, MA
Cette étude porte sur les différences provinciales et territoriales
touchant la conformité des dentistes aux mesures recommandées pour contrôler les
infections au Canada (1995). Des questionnaires ont été postés à un échantillon
aléatoire stratifié de 6444 dentistes, et 66,4 p. 100 y ont répondu. Des analyses
pondérées comprenaient le test du chi carré et lanalyse de régression logistique
de Pearson. Parmi les importantes différences relevées entre les provinces et les
territoires, il convient de mentionner la vérification de la réaction immunitaire après
administration du vaccin contre le virus de lhépatite B (VHB),
ladministration de ce vaccin à tout le personnel clinique, lutilisation de
guides pour contrôler les infections et de protocoles post-exposition, la surveillance
biologique des stérilisateurs à chaleur, le lavage des mains, le port de nouveaux gants
et la stérilisation des pièces à main à la chaleur avant le traitement des patients,
ainsi que le port de masques et duniformes pour se protéger contre les
éclaboussures de sang et de salive. Le taux de conformité excellente avec une
combinaison de 18 mesures de contrôle des infections recommandées varie de 0 à 10 p.
100; les meilleurs prédicteurs étaient la participation assidue aux cours de formation
continue sur le contrôle des infections au cours des deux années précédentes,
lemplacement du cabinet dans une ville de plus de 500 000 habitants et la femme
dentiste. Il est donc préférable que les dentistes de toutes les provinces et de tous
les territoires améliorent les mesures quils prennent pour contrôler les
infections. En incluant les mesures de contrôle des infections dans la formation continue
obligatoire, on favoriserait sans doute une meilleure conformité aux recommandations
actuelles.
Mots clés MeSH : Canada; dental offices; guideline adherence; infection control, dental.
© J Can Dent Assoc 1999; 65:506-12
[Le sondage des dentistes canadiens |Débat|Conclusion |Références]
Le contrôle des infections constitue un volet important de la pratique pour toutes les professions de la santé et demeure lune des interventions les plus rentables dont dispose la médecine1. En dentisterie, aussi bien les patients que les travailleurs de la santé sont susceptibles dêtre exposés, au contact de sang et de salive, à un nombre de pathogènes à diffusion hématogène et du tractus respiratoire supérieur. Les associations dentaires professionnelles, y compris les organismes de réglementation du Canada, préconisent de prendre des précautions universelles avec tous les patients, étant donné que leur pouvoir infectieux peut être inconnu2-5.
La plupart des études sur les mesures de contrôle des infections prises par les dentistes portent sur la conformité à des procédures spécifiques comme le port de gants et de masques, la protection des yeux, la vaccination contre le virus de lhépatite B (VHB) et la stérilisation des pièces à main dentaires à la chaleur. Peu détudes globales traitent de la conformité des dentistes aux mesures recommandées pour contrôler les infections, et aucune donnée nationale ne porte sur les dentistes du Canada. En 1995, nous avons sondé les dentistes de lensemble du pays sur la conformité aux mesures de contrôle des infections recommandées6 et laccès aux soins pour les patients possédant des pathogènes à diffusion hématogène7. Ce sondage fait état des résultats obtenus en comparant les mesures de contrôle des infections appliquées par les dentistes de provinces ou de territoires différents.
Le sondage a été déontologiquement approuvé par le Comité dexamen pour la
recherche en sciences de la santé sur des sujets humains à lUniversité Western
Ontario. Afin dassurer lanonymat, létude a été conçue de manière à
ce que personne ne puisse lier réponses et noms. La gestion du sondage comprenait une
première expédition des questionnaires avec des numéros didentité, une carte de
rappel et deux autres expéditions des questionnaires aux non-répondants.
Linstrument du sondage, les tests de fiabilité, ladministration du sondage,
la pondération des données et létude du biais de non-réponse ont été décrits
ailleurs6-8.
Les analyses statistiques ont été effectuées à laide du SPSS/PC+ (SPSS Inc., Chicago, Illinois) et ont toutes été pondérées de manière à permettre une différente probabilité de sélection et une non-réponse parmi les provinces et les territoires9. Le test dassociation Pearson et plusieurs analyses de régression logistique ont servi à étudier les différences provinciales et territoriales touchant la conformité.
Le taux de réponse, ajusté en fonction des non-livraisons, a été de 66,4 p. 100. Parmi les répondants, 174 ont été jugés inadmissibles parce quils ne traitaient pas vraiment des patients, ce qui a réduit à 4107 le nombre des réponses retenues pour lanalyse des données. Il y avait peu de preuve de biais de non-réponse8.
Nous avons constaté des différences importantes dans les mesures dhygiène professionnelle entre les provinces (voir tableau 1). Ainsi, pour la sérologie après immunisation contre le VHB, le taux de conformité varie de 49 à 78 p. 100, avec 68 à 100 p. 100 des dentistes dune province ou dun territoire rapportant que toutes les hygiénistes ont été immunisées contre le VHB et 46 à 100 p. 100 rapportant que tous les autres membres du personnel clinique lont également été. Seulement de 0 à 70 p. 100 des dentistes dune province ou dun territoire disposent dun protocole post-exposition; cependant, de 44 à 92 p. 100 rapportent que les aiguilles sont rengainées avec sûreté.
Tableau 1
Différences provinciales dans les pourcentages des participants ayant déclaré prendre des mesures dhygiène professionnelle (n = 4107)
Variable |
Province/Territory |
|||||||||||
T.N.O. | Yn | C-B | Alb | Sask. | Man. | Ont | QC | N.-B. | N.-É | I..P-É | T.-N. | |
Immunisation contre lhépatite B | 96 | 90 | 90 | 93 | 88 | 89 | 91 | 90 | 92 | 90 | 90 | 79 |
Immunité naturelle au VHB | 0 | 10 | 4 | 2 | 4 | 2 | 3 | 3 | 1 | 2 | 0 | 2 |
Sérologie après immunisation contre le VHB | 78 | 56 | 74 | 71 | 63 | 49 | 76 | 58 | 72 | 58 | 58 | 51 |
Immunisation contre lhépatite B pour toutes les hygiénistesa | 92 | 100 | 89 | 91 | 85 | 72 | 85 | 88 | 88 | 88 | 95 | 68 |
Immunisation contre lhépatite B pour tout le reste du personnel clinique | 100 | 86 | 75 | 79 | 75 | 57 | 78 | 70 | 76 | 80 | 86 | 46 |
Protocole post-expositiona | 70 | 0 | 36 | 54 | 37 | 48 | 36 | 48 | 39 | 43 | 55 | 38 |
Rengainent toujours les aiguilles avec un dispositif ou une technique à écuelle | 78 | 44 | 50 | 52 | 59 | 55 | 50 | 92 | 48 | 56 | 44 | 50 |
Utilisent toujours un contenant à lépreuve des perforations pour jeter les objets pointus | 100 | 100 | 93 | 95 | 92 | 95 | 94 | 95 | 90 | 96 | 100 | 94 |
Les différences constatées dans les autres mesures de contrôle des infections comprennent lutilisation dun guide de contrôle des infections au cabinet (de 30 à 78 p. 100), la surveillance biologique des stérilisateurs à chaleur (de 50 à 91 p. 100), le lavage des mains avant le traitement des patients (de 40 à 84 p. 100), le port de gants durant le traitement des patients (de 93 à 100 p. 100) et leur changement après chaque visite (de 94 à 100 p. 100), la stérilisation des pièces à main à la chaleur entre les visites (de 60 à 96 p. 100), ainsi que le port de masques (de 50 à 100 p. 100), de protecteurs oculaires (de 70 à 100 p. 100) et duniformes (de 17 à 65 p. 100) pour se protéger contre les éclaboussures de sang et de salive (voir tableau 2).
Tableau 2
Pourcentage des répondants de chaque province/territoire ayant déclaré prendre des mesures de contrôle des infections (n = 4107)
Variable |
Province/Territoire |
|||||||||||
T.N.O. | Yn | C.-B. | Alb | Sask. | Man. | Ont. | QC | N.-B. | N.-É. | I.P.-É | T.N. | |
Guide de contrôle des infections au cabineta | 78 | 30 | 44 | 78 | 55 | 61 | 48 | 49 | 46 | 59 | 58 | 48 |
Surveillance biologique des stérilisateurs à chaleura |
80 | 50 | 71 | 91 | 68 | 75 | 67 | 70 | 66 | 74 | 84 | 57 |
En traitant les patients : lavage des mains avant chaque visitea |
83 | 40 | 71 | 71 | 74 | 77 | 74 | 82 | 77 | 80 | 84 | 73 |
lavage des mains après avoir retiré les gants | 74 | 30 | 63 | 63 | 67 | 61 | 62 | 65 | 59 | 69 | 74 | 62 |
portent toujours des gantsb | 100 | 100 | 93 | 99 | 96 | 98 | 94 | 94 | 93 | 97 | 95 | 95 |
changent toujours de gants après chaque visiteb | 100 | 100 | 94 | 98 | 95 | 99 | 96 | 98 | 98 | 100 | 100 | 97 |
stérilisent toujours les pièces à main à la chaleur après chaque visitea | 96 | 80 | 60 | 94 | 82 | 89 | 80 | 71 | 81 | 79 | 86 | 76 |
donnent toujours un rince-bouche antimicrobien avant les procédures intra-buccalesa | 4 | 0 | 2 | 5 | 4 | 2 | 4 | 3 | 2 | 2 | 0 | 0 |
lavent toujours à grande eau lesconduites deau après chaque visite | 64 | 20 | 53 | 58 | 56 | 55 | 54 | 57 | 55 | 57 | 68 | 52 |
utilisent toujours une digue en caoutchouc pour les procédures restauratricesa | 9 | 20 | 60 | 52 | 53 | 62 | 21 | 18 | 44 | 58 | 51 | 24 |
Pour se protéger contre les éclaboussures desang ou de salive
portent toujours un masquea |
100 | 80 | 84 | 90 | 81 | 85 | 79 | 86 | 82 | 75 | 50 | 75 |
portent toujours un protecteur oculaireou un écran facialc | 70 | 100 | 85 | 84 | 80 | 82 | 84 | 79 | 71 | 76 | 71 | 73 |
portent toujours un uniforme protecteura | 65 | 50 | 38 | 49 | 45 | 53 | 49 | 55 | 48 | 43 | 17 | 51 |
utilisent toujours la succion à haute intensitéb | 96 | 90 | 95 | 96 | 94 | 95 | 90 | 90 | 91 | 93 | 95 | 93 |
a p < 0,0001
b p < 0,01
c p < 0,05
Le port régulier de gants en traitant les patients, de même que de masques et de protecteurs oculaires pour se protéger contre les éclaboussures de sang et de salive, varie de 36 à 100 p. 100 et, dune façon significative, est associé au plus jeune âge, à létat matrimonial (célibat ou mariage), au nombre moindre de patients par jour, à la femme dentiste, au centre de population dans lequel le cabinet principal est situé (population de 100 000 à 500 000 habitants) et à la participation à un cours de formation continue sur le contrôle des infections.
Le taux de conformité aux 18 mesures de contrôle des infections recommandées («conformité excellente»)6 varie de 0 à 10 p. 100. Du point de vue statistique, les prédicteurs importants de conformité excellente aux mesures recommandées sont la participation à plus de six heures de cours de formation continue sur le contrôle des infections au cours des deux années précédentes (10 heures et plus, risques relatifs [RR] = 9,0; de 6 à 10 heures, RR = 3,8; groupe témoin = aucun), la population de la ville où le cabinet est situé (>500 000, RR = 2,5; groupe témoin = <10 000) et la femme dentiste (RR = 2,1). Il ny a aucune différence importante par province ou territoire.
Certains répondants semblent porter des gants au lieu de se nettoyer les mains. Il est
quelque peu réconfortant de remarquer que, parmi ceux qui nen portent jamais, 100
p. 100 se nettoient les mains entre les visites. Des facteurs reliés aux taux inférieurs
de conformité à cet égard ont été antérieurement déterminés : la disponibilité
des lavabos, leffet du lavage des mains sur létat de la peau, la charge de
travail et le risque perçu faible17-23. Par ailleurs, la compréhension du
risque de transmission des infections constitue un facteur de motivation important18-19,
ce qui laisse entendre que la formation continue peut être utile pour améliorer la
conformité même sil est difficile dobtenir un changement de comportement
permanent sans des rappels constants24-28.
Limmunisation contre le VHB
Le taux dimmunisation contre le VHB parmi les dentistes du Canada se compare
favorablement avec les récents résultats des sondages effectués aux États-Unis (93 p.
100 dimmunisés)5 et au Royaume-Uni (86 p. 100 dimmunisés)29
et il est plus élevé que celui quont révélé dautres études
antérieurement effectuées sur les dentistes du Canada de 1987 à 199330-32.
Toutefois, la proportion des répondants ayant déclaré sêtre fait tester pour une
réaction immunitaire après immunisation contre le VHB varie de 49 p. 100 au Manitoba à
78 p. 100 dans les Territoires du Nord-Ouest, ce qui dénote une certaine incertitude
envers lefficacité de la protection contre le VHB chez les dentistes canadiens.
Cest là un problème, étant donné quil faut connaître le titre des
anticorps du VHB pour bien gérer une exposition au virus. Les résultats indiquent
quil faudrait éduquer davantage sur limmunisation contre le VHB et les
protocoles post-exposition.
Bien que les taux dimmunisation contre le VHB soient généralement élevés
parmi les dentistes, des taux dimmunisation inférieurs ont été déclarés pour
tout le personnel clinique, surtout par les répondants de Terre-Neuve et du Manitoba.
Malheureusement, les répondants qui ont déclaré une conformité moindre à
limmunisation contre le VHB pour le personnel sont également moins susceptibles de
déclarer lutilisation de protocoles post-exposition (p < 0,0001) alors que, pour
les personnes non immunisées, un traitement prophylactique simpose dans les 48
heures après une exposition. Depuis la fin de notre sondage, on a découvert que la
zidovudine (AZT) réduit de 79 p. 100 le risque de séroconversion du VIH après un
accident de travail si on ladministre dans les deux heures suivant une exposition33-34.
Il se peut que les dentistes du Canada soient maintenant plus au courant du traitement
prophylactique après une exposition au VIH et, par conséquent, soient plus susceptibles
de disposer dun protocole post-exposition pour les accidents de travail. Cette
étude a également porté sur ces accidents et les résultats en sont présentés
ailleurs35.
Lutilisation de stérilisateurs à chaleur
Plus de 95 p. 100 des répondants de toutes les provinces et territoires autres que le
Territoire du Nord-Ouest (87 p. 100) ont déclaré se servir de stérilisateurs à
chaleur.
LADC a recommandé une surveillance biologique régulière pour vérifier les stérilisateurs à chaleur2,3. Dans certaines provinces et territoires, une faible surveillance biologique soulève des questions au sujet de la qualité de la stérilisation dans certains cabinets dentaires. Bien que rien ne prouve que des pathogènes, y compris le VIH, aient été transmis à laide de pièces à main dentaires, la possibilité dinfection croisée a été démontrée36,37. La stérilisation des pièces à main à la chaleur est donc recommandée entre chaque visite2,3.
Nous avons trouvé des différences importantes entre les provinces et les territoires
touchant la stérilisation des pièces à main, les déclarations de stérilisation à la
chaleur après chaque visite variant de 60 à 96 p. 100. Cependant, le taux de conformité
à la stérilisation des pièces à main à la chaleur est plus élevé dans cette
étude-ci quil ne létait dans des études antérieures sur les dentistes du
Canada30,32, ce qui confirme les rapports soutenant que le taux de conformité
saméliore avec le temps38,39.
Les conduites deau des unités dentaires
Les films biologiques trouvés dans les conduites deau des unités dentaires sont
une source possible de transmission de pathogènes40-43, un problème qui
inquiète de plus en plus. Lors de cette étude, lADC recommandait que les conduites
deau soient nettoyées à grande eau après chaque visite. Or, les variantes
interprovinciales à cet égard vont de 20 à 68 p. 100. Les recommandations de lADC
au sujet des conduites deau des unités dentaires ont été récemment mises à jour44,
mais elles restent moins sévères que celles de lAssociation dentaire américaine45.
Le maniement des objets pointus
Quand des mesures de contrôle des infections sont appliquées, le risque dacquérir
une infection au travail par des pathogènes à diffusion hématogène comme le VHB, le
VHC et le VIH se restreint aux accidents causés par des objets pointus ou tranchants. On
peut réduire le nombre de ces accidents en utilisant des contenants à lépreuve
des perforations pour jeter ces objets et en évitant de rengainer les aiguilles usagées
avec les deux mains.
Bien que le taux de conformité soit élevé pour lutilisation de tels
contenants, le taux de conformité varie beaucoup pour ce qui est de rengainer les
aiguilles usagées à laide dune technique à écuelle ou dun dispositif
mécanique3,4. Ainsi, faudrait-il des mesures éducatives pour réduire le nombre des
accidents avec des objets pointus. Les dentistes qui nutilisent pas de contenants à
lépreuve des perforations ou de protocoles post-exposition ont également déclaré
un nombre beaucoup plus grand de blessures percutanées35.
Le port de protecteurs
Bien que tout indique une amélioration du taux de conformité à lutilisation de
protecteurs parmi les dentistes du Canada38,39, cest une minorité de
répondants qui, dans cette étude, se conforment aux recommandations demandant de se
laver les mains et de porter les protecteurs appropriés. En tenant compte de
lincidence des variables socio-démographiques et de la formation continue, les
résultats de lanalyse multivariée indiquent que les dentistes de lAlberta se
conforment plus que ceux des autres provinces et territoires au port de protecteurs.
Notre étude prouve effectivement que les protecteurs sont efficaces. Les protecteurs
oculaires et les masques réduisent de beaucoup (mais néliminent pas) les
expositions des membranes muqueuses. En outre, les dentistes qui ont déclaré porter
régulièrement des gants ont en moyenne moins de blessures percutanées par année que
ceux qui ont déclaré en porter occasionnellement ou pas du tout. Il est clair
quune meilleure conformité au port de protecteurs réduit le risque
dexposition et dinfection au travail35.
Combinaisons des procédures recommandées pour contrôler les infections
Dans cette étude, bien que les taux déclarés de conformité à plusieurs procédures
spécifiques pour contrôler les infections en dentisterie soient très élevés, le taux
de conformité à des combinaisons des procédures recommandées et nécessaires pour
réduire la possibilité dinfection croisée est faible. Voilà sans doute pourquoi
de nombreux répondants ont déclaré quils utiliseraient, avec les patients
atteints du VIH, des mesures supplémentaires pour contrôler les infections. Quand on
prend des précautions universelles, tous les patients sont traités comme sils
étaient infectés par le VHB, VHC ou le VIH; les mesures additionnelles sont alors
inutiles pour les patients ayant des infections à diffusion hématogène connues.
Dans cette étude, bon nombre de dentistes ont exprimé des inquiétudes au sujet du VIH. Ces inquiétudes comprennent les craintes du personnel au sujet des patients séropositifs (66,5 p. 100), les craintes des praticiens qui croient quils perdront des patients sils en traitent qui sont séropositifs (67,5 p. 100), les craintes des praticiens au sujet de la sécurité du personnel (62,6 p. 100) et le souci que le coût des procédures de contrôle des infections nécessaires au traitement des patients séropositifs serait un fardeau financier pour le cabinet (45,1 p. 100). Il se peut que des dentistes prennent des précautions inutiles en traitant des patients connus pour être séropositifs afin de dissiper les craintes du personnel et ses inquiétudes touchant sa sécurité personnelle. Au Canada, ces précautions supplémentaires peuvent entraîner des accusations de discrimination46,47. La publicité récente au sujet daccusations de ce genre a sans doute contribué à augmenter la conformité aux procédures recommandées pour contrôler les infections et à favoriser une meilleure compréhension du principe des précautions universelles39.
Cette étude comporte des restrictions. Ainsi, elle na pas porté sur toutes les procédures de contrôle des infections recommandées par lADC de peur quun plus grand nombre de questions ne réduise le taux de réponse. En outre, parce que la fréquence avec laquelle des rince-bouche antimicrobiens et des digues en caoutchouc sont utilisés avant les procédures de restauration est faible, on a éliminé ces deux précautions en calculant le taux de «conformité excellente» : le sous-ensemble de ceux qui se conforment à ces mesures aurait été trop peu nombreux pour des analyses plus poussées. On devrait également noter que la sérologie après immunisation contre le VHB était exclue puisquelle ne faisait pas lobjet dune recommandation au moment du sondage, et ce, bien quil en soit tout autrement aujourdhui48. Enfin, tout indique que les déclarations des intéressés peuvent surestimer la conformité aux procédures recommandées pour contrôler les infections49. Étant donné la faible fréquence de conformité déclarée pour certaines procédures et certaines combinaisons de procédures, ce problème nest sans doute pas pertinent dans cette étude.
Les différences provinciales et territoriales touchant la «conformité excellente» semblent être déterminées par la participation à des cours de formation continue sur le contrôle des infections, le sexe (femme) et lendroit du cabinet dans les centres de population supérieurs à 500 000 habitants. Même si la dynamique de cette association nest pas claire, la participation à plus de six heures de cours de formation continue sur le contrôle des infections au cours des deux années précédentes est le plus important prédicteur de «conformité excellente» aux procédures recommandées pour contrôler les infections. Les dentistes qui appliquent les mesures de contrôle des infections recommandées avec le plus de sérieux sont peut-être également ceux qui participent aux cours de formation continue avec le plus dassiduité. Lassociation à la formation continue confirme un rapport précédent suivant lequel les améliorations touchant la conformité, par les dentistes de lOntario, aux procédures recommandées pour contrôler les infections, peut être reliée au fait que le Collège royal des chirurgiens dentistes de lOntario a rendu obligatoire la formation continue en dentisterie39. Dans neuf des 12 provinces et territoires, la formation continue est maintenant obligatoire pour les dentistes afin de pouvoir conserver leur droit dexercer. Si lon accordait plus dimportance aux crédits pour les cours donnés sur le contrôle des infections ou si ces cours étaient rendus obligatoires en formation continue, la conformité aux procédures recommandées pour contrôler les infections serait sans doute encore plus grande
Le Dr McCarthy est professeure agrégée au Département de lépidémiologie et de la biostatistique de lÉcole de dentisterie de lUniversité Western Ontario. Elle est actuellement scientifique de carrière dévouée au Programme de perfectionnement des chercheurs dans le domaine de la santé du ministère de la Santé de lOntario.
Le Dr Koval est professeur agrégé au Département de lépidémiologie et de la biostatistique de la Faculté de médecine et de dentisterie de lUniversité Western Ontario.Le Dr John est professeur agrégé au Département de la microbiologie et de limmunologie de lUniversité Western Ontario.
M. MacDonald est adjoint à la recherche à lÉcole de dentisterie et au Département de lépidémiologie et de la biostatistique de la Faculté de médecine et de dentisterie de lUniversité Western Ontario.
Demandes de tirés à part : Dr Gillian M. McCarthy, Université Western Ontario, Faculté de médecine et de dentisterie, École de dentisterie, Bâtiment des sciences dentaires, London ON N6A 5C1
Ce sondage a bénéficié de lappui financier du Programme national de recherche et de développement en matière de santé de Santé Canada (6606-5463-AIDS).
Références
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