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Conférence consensuelle canadienne sur lutilisation judicieuce des suppléments fluorurés pour la prévention de la carie chez les enfantsHardy Limeback, PhD, DDS [ Historique | Les exposés scientifiques | Formulation de recommandations plus judicieuses touchant les fluorures | Modification des nouvelles recommandations et établissement d'un consensus | Recommandations émanant de la conférence touchant les suppléments fluorurés à prendre quotidiennement | Algorithme pour l'usage des suppléments fluorurés | Remerciements | Références ]
La fluorose dentaire est un indice précoce quun enfant a ingéré plus que la quantité optimale de fluor. On ajoute des fluorures aux eaux depuis plus de 50 ans. Dans la plupart des pays industrialisés, la prévalence de la carie a diminué de façon spectaculaire par rapport aux taux enregistrés au cours des six premières décennies du vingtième siècle. Cette baisse a eu lieu tant dans les régions où les eaux sont fluorurées que dans celles où elles ne le sont pas; les experts saccordent à dire que les fluorures généralement présents dans leau, les dentifrices, les gels, les rince-bouche et dautres produits comptent pour beaucoup dans cette baisse. Le déclin dans la fréquence et la gravité de la carie a également eu lieu au Canada où tout indique que la carie prévaut davantage chez les Canadiens peu scolarisés (moins de 12 années de scolarité) que chez ceux qui le sont davantage (possédant une formation collégiale ou universitaire). La modification et la concentration des cas de carie, ainsi que la hausse de la prévalence de la fluorose dentaire chez les enfants canadiens ont poussé certains experts à remettre en question les raisons évoquées pour justifier lapplication régulière et universelle de produits fluorurés. En avril 1992, à la suite dune conférence, coprésidée par les Drs Chris Clark et Hardy Limeback et réunissant des experts du Canada et des États-Unis, on a proposé de nouvelles lignes directrices touchant lusage approprié de ces produits. Lune des principales recommandations demandait de restreindre grandement lusage des suppléments fluorurés que lon savait associé au développement de la fluorose dentaire. La même année, les recommandations canadiennes touchant les suppléments fluorurés ont été revues pour les raisons suivantes : lusage des dentifrices fluorurés est répandu au Canada or, il est prouvé que les jeunes enfants ingèrent un tiers du dentifrice déposé sur la brosse à dents; laugmentation de la quantité de fluorures présents dans les boissons gazeuses et autres liquides embouteillés au Canada; la faiblesse des preuves scientifiques attestant lefficacité des suppléments fluorurés; des recherches démontrant que lenfant de parents bien scolarisés reçoivent, en bas âge, des fluorures de plusieurs sources; enfin, on a observé que lusage quotidien de suppléments fluorurés est difficile à surveiller par groupes de population dans lesquels la prévalence de la carie est élevée. On croit que les suppléments fluorurés consommés quotidiennement en une seule dose, sous forme de comprimés ou de pastilles, augmentent plus le risque de fluorose dentaire que les eaux fluorurées parce que les cellules formant lémail des dents sont très sensibles aux taux de fluor dans le sérum ou les os. La conférence canadienne sur les fluorures tenue en 1992 a proposé un schéma posologique plus conservateur pour les suppléments fluorurés. Par la suite, lAssociation dentaire canadienne a approuvé ce schéma en recommandant quon ne donne pas de comprimés fluorurés aux bébés et aux enfants dâge préscolaire (de la naissance à trois ans), et quon donne 0,25 mg de fluorures par jour (ou 0,50 mg par jour lorsquun dentifrice fluoruré nest pas utilisé régulièrement) aux enfants de trois à cinq ans qui habitent dans des régions où le taux de fluor est inférieur à 0,3 partie par million dans leau potable. Bien que la plupart des professionnels de la santé aient accepté ce nouveau schéma posologique, dautres, y compris des membres de la profession dentaire, ont continué à recommander celui de lAssociation dentaire américaine (ADA) aux résidants du Canada. Cette situation a soulevé plusieurs questions dordre juridique et académique, dont la principale était de savoir si on devait continuer à recommander des suppléments fluorurés sous forme de comprimés aux jeunes enfants dont les dents antérieures sont susceptibles dêtre atteintes de fluorose et, le cas échéant, quelle posologie serait la plus appropriée. Ainsi, malgré une période dajustement de cinq ans après que lADC eut endossé les recommandations de la conférence de 1992 sur les fluorures, la confusion régnait, et on se demandait toujours quel schéma posologique était le plus approprié pour les Canadiens. Au début de lannée 1997, lADC a donc convié le Dr Limeback à organiser une conférence internationale qui donne suite à celle de 1992 afin de déterminer si, après avoir examiné les publications pertinentes les plus récentes, dautres modifications devaient être apportées aux recommandations existantes. Déminents chercheurs cliniques ont alors été invités à réexaminer complètement les données scientifiques en faveur et contre lusage des suppléments fluorurés, à faire part de leurs découvertes dans des comptes rendus exhaustifs (devant être publiés ailleurs) et à formuler des recommandations nouvelles et plus appropriées, principalement en ce qui concerne les suppléments fluorurés. En outre, lADC a fait appel à des représentants de divers organismes dentaires, médicaux et pharmaceutiques en vue détablir un consensus. LADA a été invitée à envoyer un représentant à cette conférence, mais a refusé. Les spécialistes en médecine pédiatrique (la Société canadienne de pédiatrie) y étaient représentés, mais non lAssociation médicale canadienne qui na pu y envoyer un représentant. Ce qui suit est un résumé de la conférence qui a eu lieu à Toronto les 28 et 29 novembre 1997. On présente ici brièvement le déroulement de la conférence et les recommandations quon y a formulées. Le texte intégral des débats sera reproduit prochainement dans le Community Dentistry and Oral Epidemiology. Les participants suivants ont été chargés délaborer, en fonction de leur analyse des données scientifiques actuelles, de nouvelles lignes directrices touchant lusage des fluorures au Canada. John Featherstone Pamela DenBesten 3. Amid Ismail 4. David Banting 5. Hardy Limeback (président de la conférence) 6. Paul J. Riordan Les représentants des organismes participants (les autres personnes ayant droit de vote en vue du consensus) le Dr Jim Tynan, du Collège des chirurgiens dentistes de la Saskatchewan le Dr Anil Joshi, de la Société dentaire du Nouveau-Brunswick le Dr Olva Odlum, de lAssociation dentaire du Manitoba le Dr Gordon Thompson, de lAssociation dentaire de lAlberta le Dr Robert MacGregor, de lAssociation dentaire de la Nouvelle-Écosse le Dr Michel Levy, du Service de santé publique de Montréal le Dr Nina Wang, du Bureau de santé de la Norvège Mme Frances Hachborn, de lAssociation des pharmaciens du Canada le Dr John Godel, de la Société canadienne de pédiatrie le Dr Pierre Gagnon, de lOrdre des dentistes du Québec le Dr Lawrence Yanover, de lAcadémie canadienne de dentisterie pédiatrique le Dr James Leake, de lAssociation canadienne de santé dentaire publique le Dr Christopher Clark, du Collège des chirurgiens dentistes de la Colombie-Britannique. Les autres participants de lADC nayant pas le droit de vote étaient M. Brian Henderson, le Dr Benoit Soucy (organisateur de la conférence), le Dr Louis Dubé, le major Euan Swan et le Dr John OKeefe (rédacteur en chef du Journal de lADC). Le second jour de la conférence, ce dernier a agi comme modérateur. Plusieurs observateurs, y compris des membres du mouvement organisé contre la fluoration, ont également assisté à la conférence. Le premier jour de la conférence, tous les présentateurs scientifiques prévus ont présenté leurs exposés, et le groupe a débattu les données, dont la science actuelle dispose, qui touchent les risques et les bienfaits des suppléments fluorurés. Le second jour, les représentants des organismes participants ont fait de brèves présentations indiquant leurs recommandations sur les suppléments fluorurés et la façon dont ces recommandations ont été formulées. Formulation de recommandations plus judicieuses touchant les fluorures Les présentateurs scientifiques ont été chargés de formuler, en fonction des dernières données scientifiques, des recommandations judicieuses touchant les suppléments flurorurés. Cependant, on leur a demandé de tenir compte des préoccupations légitimes de différents intervenants dans les soins de santé, en particulier les organismes de spécialistes (comme les pédiatres et les dentistes pédiatres) particulièrement préoccupés par la protection des dents des enfants de trois ans ou moins. Modification des nouvelles recommandations et établissement dun consensus Au cours dun débat ouvert (pendant lequel les observateurs ont pu faire part de leurs commentaires), les présentateurs scientifiques et les représentants des organismes participants ont eu loccasion de discuter des recommandations proposées. Ces recommandations ont été modifiées pour accommoder les priorités de chaque participant avant dinviter le groupe réuni autour de la table à se prononcer sur les nouvelles recommandations. Le consensus a été atteint avec une seule abstention (un participant a quitté tôt le débat sans déposer son vote). Ce qui suit est un résumé des recommandations consensuelles formulées à cette conférence sur les fluorures. Ces recommandations ont été largement distribuées aux divers organismes dentaires ainsi quaux professions médicale et pharmaceutique afin dobtenir leurs commentaires, et ce, avant quelles soient soumises à lagrément du Bureau des gouverneurs de lADC. À son assemblée provisoire tenue en mars dernier, le Bureau des gouverneurs de lADC a agréé le nouveau schéma posologique pour les suppléments fluorurés (voir le Journal, 1998; 64:339-341). Il convient de faire remarquer cependant quau moment de mettre sous presse, le Bureau des gouverneurs de lADC na pas endossé toutes les recommandations formulées à la conférence. Les recommandations et les explications qui, au sujet de lutilisation judicieuce des suppléments fluorurés, sont résumées dans cet article, nont pas encore été agréées par le Bureau des gouverneurs de lADC. Les professionnels de la santé feraient donc bien de tenir compte des recommandations et des notes qui accompagnent le schéma posologique pour les suppléments fluorurés avant de sen servir pour des patients et des groupes à risque et prédisposés à la carie. Recommandations émanant de la conférence touchant les suppléments fluorurés à prendre quotidiennement (fluorures sous forme de gouttes, de comprimés ou de pastilles à croquer) Points fondamentaux: Les numéraux mis entre parenthèses après un énoncé reflètent le niveau des données scientifiques (NDS) ayant servi à étayer un énoncé scientifique. Lordre des niveaux (voir Tableau I) provient du Groupe de travail canadien sur lexamen médical périodique : Lexamen médical périodique : 2. Mise à jour - 1987, Journal de lAMC 1988; 138:618-626. 1. Le principal mécanisme daction du fluor pour prévenir la carie est topique. (NDS II-3, recommandation B).1-3 2. La fluoruration des eaux est une méthode efficace pour lapplication topique de fluorures. (NDS II-1, recommandation B).4-6 3. Les dentifrices fluorurés sont une méthode efficace pour lapplication topique de fluorures. (NDS I, recommandation A).7 Les directives de lADC touchant lutilisation judicieuse des dentifrices fluorurés sont recommandées (se servir dune quantité de dentifrice ou de gel de la taille dun pois pour se brosser les dents deux fois par jour). 4. Lingestion dune quantité de fluorures supérieure à la dose quotidienne recommandée est associée à un risque de fluorose dentaire plus élevé. (NDS II-2, recommandation E).8,9 5. À défaut dune exposition topique suffisante à des fluorures (par exemple, à laide dun dentifrice ou dune eau fluorurés), on peut offrir dautres produits fluorurés sous forme de gouttes, de comprimés ou de pastilles à croquer. Pour prévenir la carie, lefficacité de ces produits est faible chez les enfants dâge scolaire (NDS II-2, recommandation C) et na pas fait lobjet dune évaluation convenable chez les bébés et les tout petits (NDS II-3, recommandation C).10 6. Lorsque les problèmes de carie sont très sérieux, il est possible que le seul usage des fluorures topiques ne soit pas suffisant pour prévenir la carie (autrement dit, il se peut que des fluorures supplémentaires ne procure aucun bienfait net et que dautres mesures comme un traitement antimicrobien et une intervention dordre alimentaire soient nécessaires). (NDS III, recommandation C).11
Algorithme pour lusage des suppléments fluorurés Le protocole de prise de décision suivant est recommandé aux intervenants dans les soins de santé compétents afin de les aider à déterminer si un patient a besoin de suppléments fluorurés (dans ce contexte, «enfant» peut signifier une personne ou une population ciblée) : Il convient dabord de poser la question suivante : Lenfant se brosse-t-il les dents (ou un parent ou un tuteur les lui brosse-t-il) à laide dun dentifrice fluoruré au moins deux fois par jour ? Lorsque la réponse est NON, il convient doffrir une exposition topique supplémentaire à des fluorures, en suivant le schéma posologique (voir Tableau II). Lorsque la réponse est OUI, répondez à la question suivante: À votre avis, lenfant présente-t-il une grande susceptibilité à la carie? Lorsque vous répondez NON, des suppléments fluorurés NE SONT PAS nécessaires.
Les auteurs désirent remercier Benoit Soucy pour avoir organisé la conférence, Richard McCoy, Anne Bauer et Brian Henderson pour le personnel auxiliaire, et John OKeefe pour avoir présidé les débats du second jour. Pour obtenir dautres renseignements sur cette conférence, veuillez consulter le site Web http://www.interlog.com/~hardyl Le Dr Limeback est professeur agrégé et chef suppléant, Médecine dentaire préventive, Faculté de médecine dentaire, Université de Toronto. Le Dr Ismail est professeur, département de cariologie, des sciences restauratrices et dendodontie, École dentaire, University of Michigan. Le Dr Banting est professeur de dentisterie sociale, Faculté de médecine et de médecine dentaire, École dentaire, Université Western Ontario. Le Dr DenBesten est est professeur agrégé et président de la section de dentisterie pédiatrique, École dentaire, University of California, San Francisco. Le Dr Featherstone est professeur et chef suppléant, départements de dentisterie restauratrice, de la santé publique dentaire et de lhygiène, École dentaire, University of California, San Francisco. Le Dr Riordan est chargé de recherches, services dentaires, Health Department of Western Australia. Demandes de tirés à part : Dr Hardy Limeback, directeur de la Médecine dentaire préventive, Faculté de médecine dentaire, Université de Toronto, 124, rue Edward, Toronto (Ontario) M5G 1G6. |
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