mentale, davantage de personnes vont chercher de l’aide sans tarder, ce qui est positif. «Maintenant, comme on peut davantage parler de ces questions, les gens demandent de l’aide plus rapidement. On n’attend pas que la situation dégénère, ce qui est une bonne chose », dit-elle. Incidence de la pandémie sur l’épuisement professionnel La pandémie de COVID-19 a exacerbé bon nombre de problèmes sousjacents qui contribuent à l’épuisement professionnel. Elle a contraint de nombreux professionnels de la santé à réévaluer leur équilibre entre vie professionnelle et vie privée et à reconsidérer leur choix de carrière. «Les gens ont eu la possibilité de réévaluer leur façon de travailler. Ce faisant, certaines personnes ont choisi de prendre une retraite anticipée ou de réduire leurs heures de travail », explique-t-elle. Ces changements ont eu un effet en cascade dans tout le secteur de la santé. Par exemple, la demande d’emploi à temps partiel a augmenté, entrainant ainsi des pénuries de personnel dans certaines régions et faisant croître la pression sur les personnes qui ont continué à travailler à temps plein. En médecine dentaire, comme dans d’autres domaines de la santé, les praticiens et leur équipe ont senti l’augmentation du stress causé par cette situation. Les interactions entre les professionnels et les patients ont aussi changé. La Dre Metcalfe fait remarquer que la pandémie a joué sur le bien-être mental de la société dans son ensemble, ce qui a entraîné des interactions plus difficiles dans les cabinets dentaires et les autres établissements de santé. Un syndrome complexe L’épuisement professionnel ne touche pas seulement le secteur de la santé, mais bien des professions. «En médecine dentaire, par exemple, il est multifactoriel et se manifeste de différentes façons. La première des trois dimensions de ce syndrome est l’épuisement – physique, mental et émotionnel. La deuxième est la dépersonnalisation ou le cynisme, où la personne peut remarquer qu’elle est irritable ou qu’elle perd patience avec les autres. Enfin, vient le manque de confiance en soi.» Ces trois grandes dimensions peuvent considérablement affecter une personne et l’équipe de travail. L’épuisement ressenti par les professionnels de la santé n’est pas seulement physique; il est aussi mental et émotionnel. Cet épuisement peut amener un sentiment de détachement ou de dépersonnalisation, qui conduit le professionnel à devenir cynique et à perdre toute empathie envers ses patients ou ses collègues. Avec le temps, il peut perdre confiance en lui, ce qui l’empêche d’accomplir efficacement ses tâches. La Dre Metcalfe souligne que, pour composer avec l’épuisement professionnel et s’en sortir, il faut amorcer un processus de longue haleine, qui prend souvent des années. «Il faut comprendre que votre façon de travailler ne fonctionne plus et que quelque chose doit changer », dit-elle. Ce cheminement nécessite une réévaluation des pratiques de travail, de la culture d’entreprise et du rôle de chaque personne dans l’équipe. Il ne s’agit pas simplement de traiter les symptômes, mais de comprendre les causes profondes de l’épuisement et d’apporter les changements nécessaires pour éviter qu’ils ne se reproduisent. «Les gens réévaluent maintenant la philosophie de leur cabinet. Où en sont les salaires? Comment se passe la communication? Quelle est la dynamique d’équipe?» La grande démission et l’abandon silencieux Les expressions «grande démission» et «abandon silencieux» ont gagné en importance ces dernières années, soutient la Dre Metcalfe. «Ces phénomènes sont étroitement liés à l’épuisement professionnel et ont encore compliqué la dynamique des milieux de travail.» «L’abandon silencieux est né du désengagement des équipes, du personnel et de certains dirigeants. Pour moi, c’est simplement une autre façon de décrire l’épuisement professionnel», ajoute la Dre Metcalfe. Il est aussi symptomatique de la volonté du personnel d’établir des limites et d’éviter de se disperser, ce qui mène à l’épuisement. La grande démission renvoie au départ d’employés, une tendance qui a commencé avant la pandémie, mais qui s’est accentuée depuis. De nombreuses personnes, désillusionnées par leur milieu de travail, ont choisi de quitter leur poste à la recherche de meilleurs débouchés ou d’une carrière plus épanouissante. «La grande démission est née de la lassitude des gens par rapport à ce qui se passait, et on a vu le phénomène s’étendre à la médecine dentaire», témoigne-t-elle. Toutefois, la Dre Metcalfe prévient que de passer d’un emploi à l’autre ne résout pas toujours les problèmes sous-jacents. Les professionnels de la santé, y compris les dentistes, sont depuis longtemps susceptibles d’épuisement professionnel à cause de la nature très stressante de leur travail. Pourtant, ce n’est que récemment que le sujet est devenu moins stigmatisé, plus ouvert et plus répandu. 29 Numéro 2 | 2025 | Pratico-pratique
RkJQdWJsaXNoZXIy OTE5MTI=