Le saviez-vous? La version néandertalienne Les dents témoignent du stress vécu par les néandertaliens Les dents de lait de deux enfants néandertaliens ont été exhumées d’un site archéologique du sud de la France. Un article paru dans Science Advances en 2018 a déduit à partir de ces dents que l’un des enfants était né au printemps, avait été sevré du lait maternel vers 2,5 ans et avait été exposé au plomb au moins deux fois au cours de ses premiers hivers. Une ligne sombre définie a interrompu la croissance de l’émail d’une dent, indiquant que l’enfant avait vécu un stress pendant un hiver, comme une maladie. En 1856, une partie de squelette avec d’importantes arcades sourcilières a été trouvée dans la vallée de Neander, en Allemagne. Les scientifiques ont nommé l’espèce nouvellement découverte l’Homo neanderthalensis – ou plus communément l’homme de Neandertal – un groupe éteint d’humains primitifs qui vivaient en Eurasie jusqu’à il y a environ 40000 ans. Les dents constituent une précieuse source d’informations sur ces humains parce que l’émail est plus dur que les os. Les anthropologues utilisent les dents pour émettre des hypothèses sur l’âge, l’alimentation, l’état de santé général et même les pratiques culturelles. L’ADN néandertalien a une incidence sur les dents de l’humain moderne Une étude récente de l’University College de Londres a comparé des mesures de dents prises à partir de moulages en plâtre à des parties du génome liées aux dents. Elle a porté sur 880 volontaires colombiens d’ascendance mixte (européenne, autochtone et africaine). L’étude a montré qu’un gène, qui remonte à l’homme de Neandertal, conduit à l’affinement des incisives. Selon un article de Current Biology, ce gène se trouve seulement chez les personnes d’origine européenne. L’usure des dents chez les néandertaliens Les néandertaliens utilisaient des outils, mais aussi leurs dents. Des canines et des incisives néandertaliennes fossilisées montrent de sérieuses marques d’usure, ce qui suggère qu’elles ont servi à saisir et à tenir fermement des objets. L’anthropologue Kristin Krueger de l’Université Loyola de Chicago s’est demandé si les humains primitifs montraient eux aussi des signes de tel comportement. Avec ses collègues, elle a examiné des dents des premiers humains modernes des 40000 dernières années et a remarqué qu’ils montraient des signes d’usure similaires. L’équipe de recherche a conclu que les deux groupes utilisaient leurs dents comme outils, peut-être en complément à leurs mains pour tenir un objet, pour ramollir du bois ou des fibres, ou pour préparer des peaux d’animaux pour la confection de vêtements. 37 Numéro 1 | 2025 |
RkJQdWJsaXNoZXIy OTE5MTI=