Volume 12 • 2025 • Numéro 1

La plupart des études ont entraîné les modèles d’IA à l’aide d’annotations d’images fondées uniquement sur les diagnostics posés par des dentistes à partir d’images, et non d’un examen clinique, ce qui pourrait être acceptable pour le dépistage épidémiologique. Or, si la base de données de l’IA n’est pas bâtie sur des diagnostics issus d’examens cliniques, elle sera plus susceptible de fournir de faux positifs. Ce qui pourrait sembler être une carie pourrait ne pas être une lésion active en réalité. Cela pourrait conduire au surtraitement, ce qui est l’une des préoccupations exprimées lors de notre recherche. SS : J’aimerais insister sur ce que le Dr Moharrami vient de dire. Pour que ces outils soient efficaces dans un cabinet dentaire, ils doivent être fondés sur une gamme variée de données sources et les caries dentaires des photos utilisées doivent avoir été diagnostiquées à la suite d’un examen clinique. Si les outils d’IA utilisés dans ces études peuvent être utiles dans un contexte de santé publique, comme le dépistage en milieu scolaire, ils ne sont pas encore adaptés à une utilisation dans un cabinet dentaire. Le principe de prévention quaternaire, fait qu’il convient de veiller à ce qu’un outil, tel que l’IA, ne conduise pas à des traitements excessifs. MM : Ce domaine d’étude reste encore largement à explorer, et les études font ressortir d’autres utilités de l’IA pour les photographies buccales, comme le dépistage des lésions précancéreuses et certains résultats orthodontiques. Je souhaite maintenant examiner si l’IA et les photographies buccales pourraient être efficaces pour détecter la plaque dentaire et la gingivite. Nous explorons également la possibilité d’une recherche originale utilisant les données de notre clinique de la Faculté de médecine dentaire de l’Université de Toronto. La médecine dentaire n’a pas réussi à tirer parti de l’IA aussi rapidement que la médecine, notamment parce que nous n’avons pas autant de données facilement accessibles en santé buccodentaire. Les plus grosses études incluses dans notre revue ne comportaient qu’environ 1000 photographies buccodentaires, ce qui est relativement peu par rapport à d’autres domaines. Pour créer des outils d’IA efficaces, il faut amasser davantage de données de haute qualité et les rendre accessibles. En tant que chercheur, j’aimerais simplement que nous ayons plus de données dans le domaine de la santé buccodentaire. SS : Le lancement du Régime canadien de soins dentaires laisse entrevoir de grandes possibilités d’avancement. Les dentistes de tout le Canada, qui fournissent des soins à des millions de personnes admissibles à ce programme, effectuent des examens cliniques, prennent des radiographies et des photographies buccales, et établissent des diagnostics. L’organisme de financement, l’administrateur du régime et les associations dentaires peuvent unir leurs efforts pour créer une banque de données anonymes, qui pourrait constituer une ressource importante pour améliorer ce type d’outil d’IA. MM : À ce stade-ci, une grande partie du travail a déjà été effectuée. L’infrastructure et les algorithmes d’IA existent et nous avons aujourd’hui la puissance de calcul nécessaire pour entraîner et déployer des modèles d’IA. Il s’agit maintenant d’avoir les bonnes données pour pouvoir créer des outils qui serviront à l’amélioration de la santé buccodentaire. Référence : 1. Moharrami M, Farmer J, Singhal S, Watson E, Glogauer M, Johnson AEW, Schwendicke F, Quinonez C. Detecting dental caries on oral photographs using artificial intelligence: A systematic review. Oral Dis [Internet]. 2023;30(4):1765-83. Ce domaine d’étude reste encore largement à explorer, et les études font ressortir d’autres utilités de l’IA pour les photographies buccales, comme le dépistage des lésions précancéreuses et certains résultats orthodontiques. 22 | 2025 | Numéro 1 L’observatoire

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