Volume 12 • 2025 • Numéro 1

Dr Michael Glogauer (MG) : Dans une perspective globale, je pense que tous les secteurs de l’économie craignent que l’IA ne remplace l’humain. Mais je ne pense pas que c’est ce qui se produira. Au contraire, les personnes qui utilisent l’IA remplaceront celles qui ne l’utilisent pas. J’ai remarqué à quel point l’Internet a modifié presque tous les aspects de notre quotidien. L’IA fera la même chose, mais avec encore plus d’ampleur. L’IA pourrait être fantastique pour la médecine dentaire, tant sur le plan de la technologie que de la formation. Dr Mohammad Moharrami (MM) : À titre de doctorant, quand j’ai commencé à fouiller les recherches sur l’IA en médecine dentaire, j’ai remarqué les mêmes sources de données et algorithmes qu’en médecine, mais bien évidemment elles portaient sur des résultats différents. Certaines applications commerciales misent sur l’IA pour faciliter le diagnostic à partir de radiographies, mais il y a peu de recherches sur l’utilisation de photographies buccales comme source de données. Or, ces photographies pourraient constituer une excellente source de données si nous voulons miser sur la prévention et démocratiser l’utilisation de cette technologie, tant pour les dentistes que pour le public. Dre Sonica Singhal (SS) : Les caries dentaires constituent la maladie chronique la plus répandue dans le monde et représentent un fardeau considérable. L’amélioration du traitement et de la prévention de cette affection courante pourrait améliorer la qualité de vie de milliards de personnes. Nous croyons que l’utilisation de l’IA avec de nombreuses photographies buccodentaires pourrait s’avérer un outil de santé publique très puissant pour les fournisseurs de soins buccodentaires. Elle pourrait renforcer les soins préventifs et améliorer les résultats en matière de santé buccodentaire à l’échelle de la population grâce à la détection précoce, à l’évaluation à distance et à l’apprentissage par le biais d’un retour d’information personnalisé. Je dis sciemment «outil»; l’IA ne peut pas remplacer le travail des fournisseurs de soins buccodentaires, mais elle peut néanmoins constituer une ressource précieuse. Notre revue systématique visait à évaluer l’efficacité de l’utilisation des images dans la détection des caries. Jusqu’à quel point l’IA est-elle fiable? Produit-elle de faux positifs? Avec l’IA, la qualité de l’outil dépend de la qualité des données sur lesquelles il est entraîné. MG : En médecine dentaire, il existe une riche source de données non invasives qui sont à la fois obtenues par des professionnels et produites par les patients eux-mêmes. En arrivant à exploiter ces images, nous pourrions créer des outils d’une valeur inestimable pour dépister les caries, en particulier chez les personnes pour qui il est difficile d’avoir accès à des services de médecine dentaire. Ce type d’outil pourrait être très avantageux pour la santé publique. MM : Pour la revue systématique, nous avons scruté plus de 3000 études et sélectionné 19 articles qui avaient directement trait à l’utilisation de l’IA pour la détection de caries à partir de photographies buccales. Certaines études sont fondées sur des photos de téléphones intelligents comme principale source de données, et d’autres sur des images de caméras professionnelles ou de caméras intrabuccales. Par rapport aux images annotées par les dentistes, qui ont posé le diagnostic en premier lieu, les modèles d’IA ont fourni une performance acceptable selon les mesures rapportées. Les images de caméras intrabuccales ont mené à de meilleurs résultats que celles de caméras professionnelles, qui ont, elles, donné de meilleurs résultats que celles de téléphones intelligents. Cela est logique puisque la qualité des images est tout simplement supérieure. En tant que dentistes, nous préférons nous-mêmes regarder des images de la qualité la plus élevée. En ce qui a trait aux algorithmes de l’IA, les lecteurs doivent faire la distinction entre les algorithmes à une étape et ceux à deux étapes. Les modèles à deux étapes prennent plus de temps à former et à fournir des inférences, mais ils sont généralement plus précis. Ils nécessitent aussi plus de puissance de calcul et de ressources, ce qui fait qu’ils ne sont généralement pas installés sur des appareils portables tels que les téléphones intelligents, du moins au moment de la publication de notre article. En médecine dentaire, il existe une riche source de données non invasives qui sont à la fois obtenues par des professionnels et produites par les patients eux-mêmes. En arrivant à exploiter ces images, nous pourrions créer des outils d’une valeur inestimable pour dépister les caries. 21 Numéro 1 | 2025 | L’observatoire

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