Volume 12 • 2025 • Numéro 1

une bonne santé buccodentaire. Le donneur suboptimal a eu des caries dans le passé, mais a maintenant une santé buccodentaire stable1. » Un groupe de recherche de l’Université d’État de Pennsylvanie, dirigé par la professeure Laura Weyrich, procède au séquençage de l’ADN des bactéries présentes dans les échantillons de microbiome buccal prélevés par l’équipe du Dr Zilm. «Nous cartographions le microbiome de la bouche de ces personnes et ce travail se poursuit», précise le Dr Zilm. L’un des doctorants de l’équipe du Dr Zilm a développé les milieux pour isoler les S. mutans de différents donneurs. «Nous avons préparé un bouillon de culture, ajouté du sucre et mesuré le niveau de pH après 30 minutes environ», détaille le Dr Zilm. L’expérience a révélé d’importantes différences dans la quantité d’acide produit par les différentes souches de S. mutans. «Nous allons séquencer l’ADN pour examiner les gènes spécifiques de ces bactéries et déterminer pourquoi certaines produisent plus d’acide que d’autres.» Le Dr Zilm et son équipe ont mené une expérience sur des rats pour voir si l’implantation du microbiome provenant d’un super donneur pourrait protéger les dents contre les caries. «Il existe déjà un modèle de carie des rats bien documenté, où les rats sont soumis à un régime riche en saccharose», souligne le Dr Zilm. Au cours de l’expérience, du microbiome buccal, provenant soit de donneurs optimaux, soit de donneurs suboptimaux, a été implanté chez deux groupes de rats. «Pendant trois jours, nous avons commencé par laver la bouche des rats avec un bain de bouche à la chlorhexidine pour supprimer leur microbiome existant, puis nous avons implanté le microbiome provenant des donneurs», explique-t-il. Les rats ont ensuite suivi un régime riche en sucre pendant quatre jours. Pour veiller à la sûreté de la démarche, l’équipe a prélevé du sérum sanguin pour tester les marqueurs inflammatoires et des échantillons de l’intestin pour faire un examen histologique. Elle a également prélevé des échantillons du microbiome buccal des rats et examiné leurs mâchoires à la recherche de caries. « Nous avons constaté une diminution statistiquement significative des caries chez les rats, pour les deux types de donneurs, révèle le Dr Zilm. Nous avons été un peu surpris de constater que cette idée fonctionnait parce qu’elle était tout à fait novatrice.» L’équipe analyse encore les données de l’expérience pour voir si le microbiome implanté a été complètement modifié ou si un microbiome hybride s’est formé. Le Dr Zilm croit que l’implantation de microbiome buccal chez l’humain pourrait faire partie intégrante de la prévention des caries à l’avenir. «Dans une toute première étude, l’équipe de recherche a simplement prélevé un échantillon de plaque d’un chien donneur et l’a implanté dans la bouche d’un chien receveur atteint de parodontite, explique le Dr Zilm. Il était impossible de le faire chez l’humain, parce que des virus et d’autres agents pathogènes auraient pu éventuellement être transmis.» L’équipe du Dr Zilm prélève des échantillons sur des donneurs humains, puis les cultive in vitro dans de la salive artificielle sur des disques d’hydroxyapatite imprimée en 3D, qui a des propriétés similaires à celles de l’émail. À l’avenir, le biofilm sera séquencé, ce qui permettra d’en déterminer la composition exacte, puis il sera stocké dans une biobanque jusqu’à ce qu’il soit utilisé 2. «Pour l’instant, tout est encore théorique, mais je peux imaginer qu’un jour, les implantations de microbiome pourraient se faire dans les cabinets dentaires.» Pour l’équipe du Dr Zilm, la prochaine étape consiste à mener une étude clinique chez l’humain. «Divers groupes s’intéressent beaucoup à nos travaux, parce que l’implantation de microbiome offre une nouvelle façon d’envisager des solutions aux maladies buccodentaires telles que les caries et les maladies parodontales», déclare-t-il. Références : 1. Nath S, Zilm PS, Jamieson L, Ketagoda DHK, Kapellas K, Weyrich L. Characterising healthy Australian oral microbiomes for 'super donor' selection. J Dent. 2024; Oct 24:105435. 2. Ketagoda DHK, Varga P, Fitzsimmons T, Moore N, Weyrich L, Zilm P. Development of an in vitro biofilm model of the human supra-gingival microbiome for Oral microbiome transplantation. J Microbiol Methods. 2024; Aug 223:106961. Le Dr Peter Zilm (2e à partir de la gauche) et son équipe de recherche à l’école dentaire de l’Université d’Adélaïde. 17 Numéro 1 | 2025 | L’observatoire

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