Dans bon nombre de ces études, l’eau consommée était plusieurs fois supérieure à 1,5 mg/L. De plus, de nombreux sujets de ces études boivent une eau qui serait considérée comme dangereuse, selon les normes nord-américaines, non seulement en raison de niveaux inacceptablement élevés de fluorure, mais aussi en raison d’autres contaminants associés à des impacts négatifs sur le développement neurologique. Pour dissiper la confusion liée au niveau actuel de la FEPC (habituellement 0,7 mg/L), nous avons besoin de nouvelles études conçues de manière à contrôler les biais et basées sur des mesures fiables des fonctions neurologiques. Ce qui est notable, c’est que le tribunal n’a pas émis d’opinion sur les mérites relatifs des données scientifiques présentées, mais a plutôt estimé que puisque l’exposition potentielle au fluorure dans l’eau est fréquente, continue et durable, la FEPC devrait prendre d’autres mesures en vertu de la législation de 2016. Le tribunal a clairement indiqué que la décision ne signifiait pas que l’EPA n’était pas sûre, mais qu’il y avait des arguments des deux côtés du débat. Et cette décision n’a pas d’incidence sur les pratiques de FEPC aux ÉtatsUnis et au Canada. QPourriez-vous nous parler de l’étudeCochranemise à jour concernant la fluoruration de l’eau pour la prévention des caries dentaires qui a été publiée en octobre 2024? AB : Les études Cochrane sont les références des conseils fondés sur des données probantes, émanant d’une organisation très réputée. La mise à jour d’une étude Cochrane existante, publiée en octobre, indique que les niveaux de maladies dentaires aux États-Unis, au Canada ainsi que dans d’autres pays à revenu élevé ont considérablement diminué depuis l’avènement de la FEPC il y a une soixantaine d’années. Elle suggère cependant que l’efficacité relative de la FEPC est moins évidente que par le passé. Entre les années 1950 et 1970, lorsque la FEPC a été instaurée en tant que mesure de santé publique, un énorme avantage en matière de santé buccodentaire a été constaté. De nombreux rapports faisaient état d’une diminution de plus de 50 % des caries dentaires des enfants grâce aux effets combinés du fluorure dans l’eau et dans les dentifrices. Mais une des faiblesses de l’étude Cochrane mise à jour est qu’elle se limite à des études portant sur les enfants. Il n’est pas surprenant de constater que les effets bénéfiques sur la carie dentaire infantile sont moindres, étant donné le nombre croissant d’enfants qui ne connaissent jamais la carie dentaire dans les pays à revenu élevé. Le bénéfice à long terme, tout au long de la vie, de la consommation d’eau fluorée chez les adultes n’a pas été étudié dans la mêmemesure. L’accent a étémis sur les enfants, car il existait une croyance selon laquelle le fluorure était incorporé dans les dents au cours de leur développement, ce qui rendait l’émail plus résistant aux caries. Nous savons aujourd’hui que cela ne représente qu’une partie mineure de la protection conférée par le flurorure, et que l’exposition continue à des niveaux de traces de flurorure fournit le principal bénéfice anti-caries dans de nombreuses populations. Lorsque le niveau moyen de carie est très bas, comme c’est le cas aujourd’hui, le bénéfice global de la fluoruration de l’eau potable est moins évident. Comme pour toutes les mesures de santé publique, lorsque le risque diminue, le soutien public diminue également, et les gens sont plus susceptibles de se concentrer sur un risque individuel potentiel, même s’il est négligeable, plutôt que sur les avantages plus larges pour les autres. Au Canada et aux États-Unis, il existe des groupes antifluoruration qui pensent que, puisque les caries dentaires sont peu nombreuses, il n’y a aucune raison d’avoir de l’eau fluorurée. Il s’agit là d’un terrain fertile pour le débat politique, en particulier lorsque les avantages sont moins absolus qu’ils ne l’étaient autrefois. QComment l’ADC a-t-elle réagi à la récente augmentation de la couverture médiatique sur le fluorure? AB : L’ADC a travaillé directement avec son nouveau comité sur la défense des intérêts et les politiques, qui examine les informations scientifiques relatives à la santé buccodentaire, notamment en ce qui concerne la fluoruration. Sur un tel sujet, l’ADC consulte également son réseau d’experts externes, en particulier lorsque le champ d’application n’est pas uniquement celui de la médecine dentaire ou de la santé publique dentaire. Cette consultation se fait de manière permanente. Si de nouvelles informations ou données nécessitent une modification des positions officielles de l’ADC sur une question scientifique, celles-ci sont révisées en conséquence et diffusées pour examen. Dans le cas présent, il n’y a pas de nouvelles données scientifiques qui justifieraient une mise à jour. Comme pour toutes les mesures de santé publique, lorsque le risque diminue, le soutien public diminue également, et les gens sont plus susceptibles de se concentrer sur un risque individuel potentiel. 14 L’ADC sur le terrain | 2024 | Numéro 6
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