«Nous savons que lorsque nous nous présentons au cabinet dentaire, nous arrivons peut-être avec des stéréotypes ainsi que des idées et des sentiments préconçus qui nous ont été inculqués à l’égard des peuples autochtones», fait remarquer la Dre McKinstry. Il faut absolument reconnaître et affronter ces croyances pour favoriser un environnement inclusif et équitable. Gagner la confiance par des façons de faire respectueuses La confiance est un élément fondamental des soins de santé efficaces, en particulier dans le domaine dentaire où les patients peuvent se sentir vulnérables. Pour les patients autochtones, la confiance passe par la reconnaissance respectueuse de leurs croyances, valeurs et pratiques culturelles. Des patients qui se sentent compris et valorisés sont plus enclins à chercher à obtenir des soins et à suivre les recommandations de traitement. La Dre McKinstry souligne que pour bâtir la confiance, les fournisseurs de soins dentaires doivent y mettre sciemment des efforts. «Nous devons mettre en place certains protocoles et ne pas faire l’autruche. Le fait d’être capable de poser des questions et de ne pas nécessairement traiter tout le monde de la même manière montre que nous travaillons à la sécurisation culturelle », confie-t-elle. Par exemple, il peut s’agir d’être sensible au fait que certaines interventions peuvent déclencher de l’anxiété ou un malaise Comprendre le contexte historique Pour véritablement assurer la sécurisation culturelle, les membres de la profession dentaire doivent s’efforcer de comprendre le contexte historique et le vécu des premiers peuples. L’héritage des pensionnats, par exemple, a laissé de profondes cicatrices psychologiques et créé des traumatismes intergénérationnels qui se font sentir aujourd’hui sur les comportements liés à la recherche de soins. De nombreux Autochtones craignent d’aller vers les établissements de santé en raison d’expériences passées négatives ou de discrimination systémique. La Dre McKinstry insiste sur l’importance, pour le milieu dentaire, de reconnaître ces traumatismes du passé. «Si l’héritage des pensionnats et de la discrimination systémique a inspiré une profonde méfiance à l’égard des systèmes institutionnels, y compris des soins buccodentaires, les traumatismes subis par les communautés autochtones ont une incidence durable sur leur volonté de se faire soigner par un dentiste», déclare-t-elle. En comprenant ce contexte, les dentistes peuvent manifester une véritable empathie envers leurs patients et assurer une sécurisation culturelle. Le rôle de l’humilité culturelle La sécurisation culturelle est étroitement liée au concept d’humilité culturelle, qui sous-entend un engagement à l’autoréflexion et une volonté d’apprendre des autres. Pour les dentistes, cela signifie qu’ils doivent reconnaître leurs propres privilèges et préjugés et s’efforcer activement de supprimer les déséquilibres de pouvoir dans la relation patient-fournisseur de soins. «La sécurité culturelle est un processus continu, dans lequel les professionnels de la santé doivent sans cesse porter un nouveau regard sur leurs propres connaissances, attitudes, comportements et façons de faire pour répondre aux besoins des peuples autochtones», avance la Dre McKinstry. En reconnaissant ces aspects, les dentistes peuvent cesser d’envisager une situation en fonction de ses lacunes pour mettre plutôt l’accent sur les forces et la résilience des communautés autochtones. Ce changement d’optique est crucial lorsqu’il s’agit d’aborder des enjeux comme celui de la carie de la petite enfance, qui touche démesurément les enfants autochtones. Au lieu de rejeter la faute sur les familles pour ce trouble dentaire, les dentistes devraient tenir compte des grands déterminants sociaux de la santé, notamment la pauvreté, l’accès à l’eau potable et une nutrition adéquate. La sécurisation culturelle est étroitement liée au concept d’humilité culturelle, qui sousentend un engagement à l’autoréflexion et une volonté d’apprendre des autres. 35 Numéro 5 | 2024 | Pratico-pratique
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