Volume 11 • 2024 • Numéro 5

de notre profession, insiste-t-il. Nous seuls pouvons expliquer les grandes différences entre le fonctionnement des cabinets dentaires et la prestation de soins publics.» Selon lui, avec l’entrée en vigueur du Régime canadien de soins dentaires (RCSD), la médecine dentaire sera davantage intégrée au secteur public de la santé. «Il sera maintenant plus important que jamais de veiller à ce que les responsables des politiques et de la planification des effectifs comprennent le caractère unique du secteur dentaire et les facteurs qui influencent nos effectifs», fait-il remarquer. Papadopoulos. Les personnes âgées ont généralement besoin de plus de soins et, auparavant, elles pouvaient avoir de la difficulté à se les payer; en leur rendant les soins plus abordables, le RCSD a donc fait augmenter la demande.» Nul ne sait encore combien de personnes admissibles s’inscriront au RCSD ni combien d’entre elles s’en prévaudront. Costa Papadopoulos note que la demande de soins diffère selon les régions du Canada. «Dans certaines régions, la population est plus âgée. À certains endroits, il y a moins de professionnels des soins buccodentaires. L’offre et la demande sont toutes deux propres au lieu.» Costa Papadopoulos a bon espoir que davantage de ressources seront affectées à la collecte de données sur les effectifs de la santé buccodentaire dans les années à venir. «À l’heure actuelle, 30 % des personnes au Canada n’ont pas de médecin de famille, ce qui fait que nous avons tous à l’esprit les conséquences de la pénurie de personnel en santé, affirme-t-il. Les soins buccodentaires sont des soins primaires. Et nos effectifs contribuent puissamment à la santé de la population. D’une manière générale, nous en avons tous bien conscience maintenant». Il explique que le fait de connaître le nombre de travailleurs rattachés à un domaine particulier permet de connaître l’offre. Mais il y a aussi la demande. Combien de personnes ont besoin de soins? De quel type de soins ont-elles besoin? En médecine, chaque consultation d’un patient est consignée dans un dossier, qui est anonymisé et utilisé par le réseau de la santé pour établir des prévisions. En médecine dentaire, les dossiers ne servent pas à cette fin. «Nous ignorons, par exemple, combien de personnes entre 65 et 70 ans ont besoin d’un traitement de canal chaque année, parce que ces données n’étaient pas recueillies, explique Costa Papadopoulos. Il a été très révélateur de voir tous les détails disponibles pour la planification du personnel en médecine. Il était possible de créer différents modèles pour l’avenir. Mais j’ai été encore plus frappé par le fait que, en dépit de tout ce pouvoir et toutes ces données, la planification du personnel restait difficile à faire.» Costa Papadopoulos explique qu’en raison du caractère dynamique des soins de santé et de l’inconnu qui y plane, les nouvelles technologies ou des changements démographiques inattendus sont susceptibles de modifier les effectifs nécessaires en santé. «Si une nouvelle technologie facilite le traitement d’une maladie, nous pouvons croire qu’il faudra moins de personnes pour assurer le traitement, suppose Costa Papadopoulos. C’est extrêmement complexe. Et en médecine dentaire, nous n’en sommes qu’au début. Notre profession fait peu de prévisions sur la façon dont la technologie modifiera les soins buccodentaires requis. Il y a tellement de variables à prendre en compte pour déterminer les effectifs qui seront nécessaires en santé buccodentaire dans cinq ans.» Parmi lesvariablesjouantsur lademandedesoinsbuccodentaires en 2024 figurent le vieillissement de la population et le RCSD. «Le RCSD a considérablement modifié la donne, précise Costa QU’EST-CE QU’UN DÉSERT DE DONNÉES? «Les données servent de vérité à l’intérieur du réseau complexe de la structure sociale; elles tissent des liens entre les couches pour servir de fondement à des choix éclairés et à des politiques tournées vers l’avenir. Mais quand ces liens sont absents ou foncièrement inexacts, nous nous retrouvons dans des“déserts de données”, comme les appellent les spécialistes. Il s’agit d’espaces définis conceptuellement et géographiquement par une pénurie flagrante de données, en raison soit d’une sousreprésentation systémique et historique de communautés particulières, soit d’une absence d’infrastructure numérique, soit de tentatives de collecte insuffisantes. Ces lacunes informationnelles, où il manque de données crédibles ou précises,mènent souvent à une réglementation qui peut fausser les cadres sociaux, ce qui entraîne des comportements injustes et des problèmes systémiques.» — Akshitha Vemuru, « Data Deserts : Navigating the Barren Regions of Information Scarcity », The St. Andrews Economist, novembre 2023, [trad.]. Connaître le nombre de travailleurs rattachés à un domaine particulier permet de connaître l’offre. Mais il y a aussi la demande. Combien de personnes ont besoin de soins? De quel type de soins ont-elles besoin? Point de mire

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