Fumer du cannabis est associé à une incidence élevée de complications parodontales, de xérostomie, de leucoplasie ainsi qu’à un risque accru de cancer de la tête et de la bouche. Les personnes qui fument régulièrement du cannabis ont aussi parfois une hyperplasie et une candidose buccale. Dr Donaldson, les formulaires de visite chez le dentiste pourraient poser des questions précises sur la consommation de cannabis qui traitent notamment de la méthode et de la fréquence de consommation. «Certains consommateurs pourraient devoir consulter un dentiste plus qu’aux six mois pour maintenir leur santé buccodentaire», croit-il. Une conversation sur les saines habitudes concernant les fringales est souvent utile, car les cannabinoïdes stimulent l’appétit. «Les méthodes non médicales ou non pharmacologiques de traiter la xérostomie sont aussi souvent bénéfiques parce que l’oligosialie est un effet indésirable courant de la consommation de cannabis», ajoute-t-il. Sur le plan clinique, tant les fumeurs de nicotine que ceux de marijuana réagissent souvent moins aux anesthésiques locaux, car ces médicaments se trouvent à être métabolisés par des enzymes induites dans l’organisme par ces drogues. Concrètement, le cytochrome enzymatique P450 1A2 (CYP1A2) métabolise la plupart des anesthésiques locaux, mais pas tous, et les personnes qui fument produisent généralement davantage de CYP1A2. «D’ordinaire, les fumeurs ont besoin d’une dose supérieure d’anesthésique local pour supporter la douleur, indique le Dr Donaldson. Toutefois, au lieu d’augmenter la dose, vous pourriez éviter l’interaction entre fumeurs et anesthésiques locaux en optant plutôt pour l’articaïne ». Les deux familles les plus courantes d’anesthésiques locaux sont les amino-amides, telles la bupivacaïne, la ropivacaïne et la lidocaïne, et les aminoesters, telles la procaïne, la chloroprocaïne et la tétracaïne. Ces deux familles sont surtout métabolisées par le CYP1A2. «La molécule d’articaïne est unique, c’est-à-dire qu’elle possède à la fois une liaison ester et une liaison amide et que le CYP1A2 ne la métabolise pas, explique-t-il. Ce sont des carboxylestérases dans les tissus périphériques qui la métabolisent, ce qui signifie qu’elle évitera cette induction enzymatique et sera plus efficace chez les fumeurs ». Dans le cas de patients qui ont une grande phobie du dentiste et à qui il serait envisageable d’administrer de 33 Numéro 4 | 2024 | Point de mire
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