Mot de la présidente provoqué stress et inquiétude chez des dentistes, en particulier dans les provinces et territoires où le financement public des soins dentaires a été terriblement déficient. J’ai l’impression que ces préoccupations sont liées à l’équilibre entre notre désir de servir le bien public et notre besoin de préserver notre viabilité financière. Nous sommes des professionnels de la santé buccodentaire. Nous sommes des gens d’affaires. Qu’arrive-t-il lorsque les intérêts des deux parties ne s’alignent pas facilement ? Il y a un siècle, le doyen de la faculté de médecine dentaire de mon grand-oncle a déclaré dans son allocution devant les finissants que l’exercice de la médecine dentaire était un acte de service, une noble vocation pour soulager la souffrance humaine, et un moyen d’aider les patients à recouvrer une vie heureuse et en santé. Cet idéal a longtemps été le fondement du contrat social accordant à la profession dentaire le respect, le droit à l’autoréglementation et la confiance du public. Nous devons continuellement mériter ce respect et cette confiance. En clair, en tant que profession, nous devons faire passer le bien public en premier et notre propre bien en second. C’est ce qui est attendu des médecins, et ce qui est attendu de nous, à défaut de quoi nous risquons de perdre la confiance du public et du gouvernement. À titre d’association, nous ne devrions pas fonctionner comme un syndicat parce que, même si nous sommes au service des dentistes du pays, nous pourrons les servir adéquatement que si nous maintenons nos idéaux professionnels et notre vision à long terme. Il faut nous rappeler que les personnes au service desquelles nous sommes comprennent nos patients, mais aussi les dentistes de demain pour lesquels nous agissons comme gardiens de notre profession. Regard sur l’avenir Je suis très optimiste et enthousiaste quant à l’avenir de la médecine dentaire au Canada. Aujourd’hui, les diplômés des facultés de médecine dentaire ont une formation médicale plus poussée que jamais et sont davantage orientés vers la pratique collaborative. La médecine dentaire continuera à s’intégrer plus étroitement au système médical dans son ensemble, tout en conservant les caractéristiques uniques qui rendent l’exercice privé si efficace. Je crois que les dentistes devront mettre leurs compétences le plus à profit possible afin que ce champ de compétences s’élargisse. De fait, nous aurons besoin que tous les membres de l’équipe buccodentaire utilisent pleinement leurs capacités si nous voulons atteindre toutes les personnes au Canada. À mon avis, il serait possible que les dentistes prodiguent davantage de soins primaires et s’occupent du dépistage de maladies courantes, ce qui serait bénéfique pour les patients et la société dans son ensemble. L’administration de vaccins par des dentistes – comme cela a été le cas dans certaines provinces durant la pandémie et ce qui est désormais le cas pour le vaccin contre le papillomavirus en Alberta – n’est qu’un exemple de la manière dont la médecine dentaire pourrait améliorer l’accès aux soins dans tout le réseau de la santé. Afin de fournir des soins dentaires aux 9 millions de Canadiens supplémentaires qui pourraient bénéficier du nouveau financement fédéral, il nous faudra aussi collaborer avec d’autres professions de la santé. Pour mettre en place de telles alliances, j’aimerais voir des services dentaires dans chaque hôpital et dans chaque grand établissement de soins de longue durée. Un système d’enseignement dentaire canadien solide et bien soutenu nous permettra d’interagir en tant que partenaires égaux avec les médecins. La plupart des dentistes rencontrés au cours de ma carrière et de mon engagement dans le monde associatif dentaire sont altruistes et pleins de compassion. Bon nombre d’entre nous avons soigné des patients sans attendre d’honoraires et nous nous en trouvons que mieux. Mais nous devons plaider pour un avenir meilleur où personne au pays n’aura besoin de recourir à la charité pour obtenir des soins buccodentaires. Jusqu’à ce que cela se concrétise, les dentistes doivent continuer à être d’abord des personnes qui soignent les autres. J’ai été très honorée d’occuper la présidence de l’ADC et j’ai encore plus de respect pour cette association aujourd’hui. Depuis plus d’un siècle, l’ADC agit comme porte-parole de la profession dentaire canadienne et comme défenseure d’une santé buccodentaire optimale pour tous. Nous devons continuer à agir en ce sens, avec un message clair et cohérent : nous sommes là pour servir équitablement tous ceux qui nous font confiance, sans distinction. 8 | 2023 | Numéro 2 L’ADC sur le terrain
RkJQdWJsaXNoZXIy OTE5MTI=