Volume 10 • 2023 • Numéro 2

Lemagazine de l’Association dentaire canadienne 2023 • Volume 10 • Numéro 2 PM40064661 Le fardeau de l’épuisement professionnel pour les dentistes Page 21 + DANS CE NUMÉRO Calmer les sens pour améliorer l’expérience patient P. 16 Fonder ou acheter un cabinet : Savoir se conformer au droit du travail P. 29 Le poids des mots : Mettre l’accent sur la personne au cabinet dentaire P. 33

Responsable des communications Zelda Burt Chef de la rédaction Sean McNamara Rédacteurs-réviseurs Sierra Bellows Gabriel Fulcher Pauline Mérindol Associée aux publications et médias électroniques Rachel Galipeau Concepteur graphique Carlos Castro Publicité Toute demande touchant la publicité doit être adressée à : Peter Greenhough Media Partners Inc. 15, chemin Wade Ancaster (Ontario) L9G 4G1 Publicité imprimée et publicité en ligne : Peter Greenhough pgreenhough@pgmpi.ca 647-955-0060, poste 101 Petites annonces : John Reid jreid@pgmpi.ca 647-955-0060, poste 102 Point de contact de Rachel Galipeau rgalipeau@cda-adc.ca Pour plus d’information, appelez l’ADC (au Canada) au : 1-800-267-6354 Partout ailleurs : 613-523-1770 Courriel : publications@cda-adc.ca @CdnDentalAssoc @jcdaoasis @CDAOasisLive Canadian Dental Association CDAOasis cdndentalassoc cdaoasis cda-adc.ca L’essentiel de l’ADC est publié par l’Association dentaire canadienne dans les deux langues officielles. Entente d’envoi de poste-publications no 40064661. Retour des envois non distribuables aux adresses canadiennes à : Association dentaire canadienne, 1815, promenade Alta Vista, Ottawa (Ontario) K1G 3Y6. Port payé à Ottawa (Ontario). Veuillez aviser l’ADC de tout changement d’adresse à : reception@cda-adc.ca ISSN 2292-7387 (version imprimée) ISSN 2292-7395 (version électronique) © Association dentaire canadienne 2023 Avis de non-responsabilité Les collaborateurs assument l’entière responsabilité de leurs opinions et des faits dont ils font état et ceux-ci n’expriment pas nécessairement les opinions de l’Association dentaire canadienne (ADC). La publication d’une annonce commerciale ne signifie pas nécessairement que l’ADC en appuie ou en endosse le contenu. L’équipe éditoriale se réserve le droit de corriger les textes soumis pour publication dans L’essentiel de l’ADC. De plus, l’ADC ne peut être tenue responsable des erreurs de texte ou de traduction. Le contenu commandité est créé par Peter Greenhough Media Partners Inc., en partenariat avec ses clients. L’équipe éditoriale de L’essentiel de l’ADC n’est en aucun cas impliquée dans sa création. Conseilda’ dministrationde l’ADC Présidente Dre Lynn Tomkins Dr Marc Mollot Manitoba Énoncédemissionde l’ADC L’Associationdentairecanadienne, porte-parole de la profession dentaire auCanada, se voue à la promotion d’une santé buccodentaire optimale, qui est une composante essentielle de la santé générale, ainsi qu’à l’avancement et au leadership d’une profession unifiée. est la publication imprimée officielle de l’ADC, offrant un dialogue entre l’association nationale et la communauté dentaire. Le magazine sert à informer les dentistes au sujet d’actualités, de nouvelles cliniques et d’enjeux pertinents à la profession. Dr Brian Baker Saskatchewan Présidente désignée Dre Heather Carr Vice-président Dr Joel Antel Dr Mark Bochinski Alberta Dre Dana Coles Île-du-Prince-Édouard Dr Viktor Dorokhine T.N.-O./Nunavut/Yukon Dr Stuart MacDonald Nouvelle-Écosse Dr Bruce Ward Colombie-Britannique Dr Jason Noel Terre-Neuve-et-Labrador Dr Kirk Preston Nouveau-Brunswick Dre LouAnn Visconti Ontario 2023 • Volume 10 • Numéro 2 canadian-dentalassociation 3 Numéro 2 | 2023 |

©2022 Koninklijke Philips N.V. (KPNV). Tous droits réservés. PHILIPS et l’écusson Philips sont des marques de commerce de KPNV. SONICARE et le logo de Sonicare sont des marques de commerce de KPNV. Les autres marques et noms commerciaux sont ceux de leurs propriétaires respectifs. www.philips.ca Des solutions de blanchiment professionnelles envoyées directement aux patients avec Philips Zoom à votre domicile. Vous commandez seulement ce dont vous avez besoin, libérant ainsi de l’espace, du temps de travail pour le personnel et des ressources. Envoyez-nous simplement leurs radiographies intra orales et nous nous occuperons du reste. Le blanchiment n’aura jamais été aussi simple qu’avec Philips Zoom à votre domicile ! linkedin.com/showcase/oral-healthcare @philipssonicarepro Suivez-nous sur les médias sociaux Appelez au (800) 422-9448 pour en savoir plus

Sommaire Le magazine de l’Association dentaire canadienne 2023 • Volume10 • Numéro2 L’ADC sur le terrain 7 Mot de la présidente : À la croisée des chemins 11 L’ADC publie un document pour orienter le programme fédéral d’investissement dans les soins dentaires L’observatoire 14 En bref Petites annonces 42 Cabinets, postes vacants, index des annonceurs Point de mire 16 Calmer les sens pour améliorer l’expérience patient 21 Le fardeau de l’épuisement professionnel 29 Fonder ou acheter un cabinet : Savoir se conformer au droit du travail Dernier hommage 46 Dr Donald K. Russell Pratico-pratique 33 Le poids des mots : Mettre l’accent sur la personne au cabinet dentaire 36 Vous craignez que l’inflation n’affecte vos plans de retraite? Nous avons quelques conseils pour vous. 38 Gérer un employé aux prises avec un problème de dépendance 40 Investir dans la santé mentale de votre équipe 11 16 29 33 5 Numéro 2 | 2023 |

Invisalign Smile Architect™ est un logiciel de conception du sourire unique en son genre, intégré à ClinCheck, qui permet de planifier un traitement ortho-restauratif sur une seule plateforme. Apprenez-en davantage sur : invisalign.ca/fr/smilearchitect ©2023 Align Technology, Inc. Tous droits réservés. Invisalign, le logo Invisalign, SmartTrack, SmartForce, SmartStage, entre autres, sont des marques de commerce et/ou des marques de service d’Align Technology Inc. ou de l’une de ses filiales ou sociétés affiliées, et peuvent être déposées aux États-Unis et/ou dans d’autres pays. | A011490Rév A Invisalign Smile Architect™ n’est pas destiné à recommander un traitement de restauration ou à remplacer la nécessité d’un logiciel de CAOdentaire pour la conception et la fabrication de la restauration. Toutes les étapes de restauration qui suivent lemouvement dentaire induit par Invisalign sont réalisées par lemédecin indépendamment de ClinCheck et d’Invisalign. Les fichiers de planification Invisalign Smile Architect™mis à disposition par le biais de la fonctionnalité d’exportation de dossiers ne sont pas destinés à la fabrication directe. Transformons des sourires, changeons des vies. L’avenir des soins ortho-restauratifs est en marche. Logiciel de planification des traitements orthorestauratifs Invisalign Smile ArchitectTM Exclusivement disponible avec le logiciel ClinCheck® Pro 6.0

À la croisée des chemins En 2019, quand je songeais à me présenter à la présidence de l’ADC, je savais que l’association était tournée vers l’avenir, dynamique et bien placée pour naviguer les transformations sociales et économiques. Le travail accompli dans la foulée de l’initiative sur l’avenir de la profession depuis 2016 nous avait préparés à «patiner pour aller au-devant de la rondelle » – une analogie tirée du monde du hockey parce que, oui, je suis une fière Canadienne. Évidemment, j’ignorais à l’époque à quel point notre capacité d’adaptation allait être rapidement et profondément mise à l’épreuve, d’abord par la pandémie de COVID-19, puis par l’engagement du gouvernement fédéral à financer l’amélioration de l’accès aux soins dentaires au pays. Je suis extrêmement fière de notre prise en charge des patients durant la pandémie malgré des conditions exceptionnelles. Grâce à la rigueur de notre profession, aucun cas de transmission de la COVID-19 entre un patient et un fournisseur de soins buccodentaires n’a été rapporté au Canada jusqu’à présent. Rôle des associations dentaires dans unmonde enmutation Le rôle d’une association professionnelle évolue au rythme de notre environnement en mutation. Pendant longtemps, les associations dentaires assuraient différentes fonctions, se chargeant notamment de faire la promotion des normes de pratique et de la formation, de défendre les intérêts publics, et d’agir comme porte-parole de la profession. Dans plusieurs provinces, les associations dentaires ne sont plus responsables de la réglementation. En Allemagne, les dentistes ont des organismes de réglementation, des syndicats et des associations, et ce sont les syndicats qui négocient les contrats des dentistes. Les autorités réglementaires fixent les normes professionnelles que nous devons respecter, mais ce sont les associations qui, à mon avis, travaillent vers les idéaux les plus grands de notre profession. Une association est tournée vers l’avenir – elle travaille activement en faveur d’un futur où la médecine dentaire pourra s’occuper de la santé et du bien-être de toute la population avec efficacité, équité et compassion. Il serait facile de qualifier cette idée d’utopique, mais la médecine dentaire a été façonnée à bien des égards par des idéaux altruistes. Nous améliorons des vies. Nous soulageons la douleur et la souffrance. Nous sommes des médecins et des chirurgiens buccodentaires. Équilibre entre le bien public et le bien-être économique Nous nous trouvons à la croisée des chemins et, en ce moment décisif, nous devons réfléchir aux incidences de l’équilibre précaire entre notre engagement à servir le bien public et la nécessité de veiller à notre bien-être économique. Le secteur dentaire n’est pas le seul à se trouver dans une telle situation; elle est commune à tous les secteurs des soins de santé, mais nous nous trouvons actuellement à un moment charnière. La pandémie a été une période remplie de bouleversements pour les propriétaires de petites entreprises de tous genres. L’inflation, les taux d’intérêt élevés et l’incertitude économique sont des facteurs de stress pour bien des dentistes ayant d’importantes obligations financières. Et les étudiants en médecine dentaire finissent leurs études avec plus de dettes que jamais. Aussi, il y a un nombre croissant d’investisseurs dans les cabinets dentaires qui ne sont pas des dentistes et qui ont leurs propres obligations d’affaires. Je crois que, vu la nature plutôt isolée de notre travail et la façon dont la pandémie a limité nos vies, de nombreux dentistes peuvent se sentir seuls avec leurs problèmes, qu’ils soient financiers ou autres. Augmentation du financement fédéral des soins dentaires J’ai consacré une bonne partie de mon mandat à la présidence de l’ADC à m’occuper du dossier du nouveau programme fédéral de soins dentaires et à faire valoir au gouvernement l’expertise unique de la médecine dentaire, et ce, pour que l’investissement public soit efficace, durable et qu’il atteigne les personnes en ayant le plus besoin. Le système de soins dentaires du Canada, qui repose essentiellement sur les cabinets dentaires privés, est efficace; le régime public de santé du Canada a des problèmes de capacité auxquels le secteur dentaire n’est pas encore confronté. Mais l’annonce du programme fédéral a Mot de la présidente Dre Lynn Tomkins president@cda-adc.ca SUITEÀLAPAGEP.8 7 Numéro 2 | 2023 | L’ADC sur le terrain

Mot de la présidente provoqué stress et inquiétude chez des dentistes, en particulier dans les provinces et territoires où le financement public des soins dentaires a été terriblement déficient. J’ai l’impression que ces préoccupations sont liées à l’équilibre entre notre désir de servir le bien public et notre besoin de préserver notre viabilité financière. Nous sommes des professionnels de la santé buccodentaire. Nous sommes des gens d’affaires. Qu’arrive-t-il lorsque les intérêts des deux parties ne s’alignent pas facilement ? Il y a un siècle, le doyen de la faculté de médecine dentaire de mon grand-oncle a déclaré dans son allocution devant les finissants que l’exercice de la médecine dentaire était un acte de service, une noble vocation pour soulager la souffrance humaine, et un moyen d’aider les patients à recouvrer une vie heureuse et en santé. Cet idéal a longtemps été le fondement du contrat social accordant à la profession dentaire le respect, le droit à l’autoréglementation et la confiance du public. Nous devons continuellement mériter ce respect et cette confiance. En clair, en tant que profession, nous devons faire passer le bien public en premier et notre propre bien en second. C’est ce qui est attendu des médecins, et ce qui est attendu de nous, à défaut de quoi nous risquons de perdre la confiance du public et du gouvernement. À titre d’association, nous ne devrions pas fonctionner comme un syndicat parce que, même si nous sommes au service des dentistes du pays, nous pourrons les servir adéquatement que si nous maintenons nos idéaux professionnels et notre vision à long terme. Il faut nous rappeler que les personnes au service desquelles nous sommes comprennent nos patients, mais aussi les dentistes de demain pour lesquels nous agissons comme gardiens de notre profession. Regard sur l’avenir Je suis très optimiste et enthousiaste quant à l’avenir de la médecine dentaire au Canada. Aujourd’hui, les diplômés des facultés de médecine dentaire ont une formation médicale plus poussée que jamais et sont davantage orientés vers la pratique collaborative. La médecine dentaire continuera à s’intégrer plus étroitement au système médical dans son ensemble, tout en conservant les caractéristiques uniques qui rendent l’exercice privé si efficace. Je crois que les dentistes devront mettre leurs compétences le plus à profit possible afin que ce champ de compétences s’élargisse. De fait, nous aurons besoin que tous les membres de l’équipe buccodentaire utilisent pleinement leurs capacités si nous voulons atteindre toutes les personnes au Canada. À mon avis, il serait possible que les dentistes prodiguent davantage de soins primaires et s’occupent du dépistage de maladies courantes, ce qui serait bénéfique pour les patients et la société dans son ensemble. L’administration de vaccins par des dentistes – comme cela a été le cas dans certaines provinces durant la pandémie et ce qui est désormais le cas pour le vaccin contre le papillomavirus en Alberta – n’est qu’un exemple de la manière dont la médecine dentaire pourrait améliorer l’accès aux soins dans tout le réseau de la santé. Afin de fournir des soins dentaires aux 9 millions de Canadiens supplémentaires qui pourraient bénéficier du nouveau financement fédéral, il nous faudra aussi collaborer avec d’autres professions de la santé. Pour mettre en place de telles alliances, j’aimerais voir des services dentaires dans chaque hôpital et dans chaque grand établissement de soins de longue durée. Un système d’enseignement dentaire canadien solide et bien soutenu nous permettra d’interagir en tant que partenaires égaux avec les médecins. La plupart des dentistes rencontrés au cours de ma carrière et de mon engagement dans le monde associatif dentaire sont altruistes et pleins de compassion. Bon nombre d’entre nous avons soigné des patients sans attendre d’honoraires et nous nous en trouvons que mieux. Mais nous devons plaider pour un avenir meilleur où personne au pays n’aura besoin de recourir à la charité pour obtenir des soins buccodentaires. Jusqu’à ce que cela se concrétise, les dentistes doivent continuer à être d’abord des personnes qui soignent les autres. J’ai été très honorée d’occuper la présidence de l’ADC et j’ai encore plus de respect pour cette association aujourd’hui. Depuis plus d’un siècle, l’ADC agit comme porte-parole de la profession dentaire canadienne et comme défenseure d’une santé buccodentaire optimale pour tous. Nous devons continuer à agir en ce sens, avec un message clair et cohérent : nous sommes là pour servir équitablement tous ceux qui nous font confiance, sans distinction. 8 | 2023 | Numéro 2 L’ADC sur le terrain

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L’ADC publie un document pour orienter le programme fédéral d’investissement dans les soins dentaires Le 28 février 2023, l’ADC a publié le document Combler les lacunes en matière de financement des soins dentaires : Mettre sur pied un programme durable et efficace financé par le gouvernement fédéral ayant pour but d’orienter le programme fédéral visant à améliorer l’accès aux soins dentaires de toute la population canadienne. «L’investissement historique du Canada dans les soins dentaires se produit à un moment difficile pour le secteur de la santé buccodentaire, a déclaré la Dre Lynn Tomkins, présidente de l’ADC. Les dentistes comprennent mieux que quiconque les défis auxquels sont confrontés les patients. En partageant les expériences uniques et les connaissances approfondies de Principales recommandations de l’ADC Un programme financé par le gouvernement f d ral devrait favoriser la prestation de soins principalement par l’entremise du r seau existant de cabinets dentaires, en ayant recours à des cliniques publiques au besoin. Les programmes de soins dentaires publics devraient rester des payeurs de dernier recours, après toute couverture priv e. Un programme financé par le gouvernement f d ral doit être conçu pour compl ter et am liorer les soins que les Canadiens reçoivent par l’entremise des programmes f d raux, provinciaux et territoriaux actuels. La conception du programme devrait s’assurer que les proc dures administratives n’ont pas de r percussions sur la prestation des soins aux patients ou ne la retardent pas. Le gouvernement f d ral devrait s’attaquer aux problèmes de ressources humaines et à la p nurie de main-d’œuvre dans le secteur de la santé buccodentaire. Toute formule f d rale de soins dentaires devrait s’assurer que le coût du traitement fourni aux patients est entièrement couvert. 11 Numéro 2 | 2023 |

nos professionnels, nous visons à favoriser l’efficacité de cet investissement afin qu’il profite adéquatement à ceux qui en ont le plus besoin.» Un programme fédéral de soins dentairesexigerauneapprocheglobale axée sur le patient, qui couvre les coûts complets des traitements et qui privilégie les soins préventifs. Le document d’orientation en entier se trouve à : bit.ly/3ykiB0w Le gouvernement fédéral se penche sur la mise en œuvre d’un nouveau programme de soins dentaires, mais il faudra que le réseau actuel de cabinets dentaires continue d’assurer les soins afin de ne pas compromettre le système sur lequel comptent tant de personnes au pays. En demeurant un payeur de dernier recours (c’est-à-dire que le programme gouvernemental paie les frais uniquement une fois que tous les autres programmes sont épuisés) et en continuant à protéger et à promouvoir les régimes dentaires parrainés par les employeurs, le Canada arrivera à mettre sur pied un programme durable, efficace et accessible à toute la population. Unprogramme fédéral de soins dentaires exigeraune approche globale axée sur le patient, qui couvre les coûts complets des traitements et qui privilégie les soins préventifs. Pour éviter un allongement des temps d’attente et pour que la population ait accès aux soins dont elle a besoin au moment opportun, il faudra mettre en place une stratégie particulière pour s’attaquer à la pénurie actuelle de ressources humaines dans le secteur de la santé buccodentaire. «Les dentistes connaissent très bien l’impact qu’une mauvaise santé buccodentaire peut avoir sur la santé globale d’une personne et sont reconnaissants de cette occasion de partager leur précieuse expertise, a ajouté la Dre Tomkins. Nous avons hâte de poursuivre notre collaboration avec le ministre de la Santé Jean-Yves Duclos et ses collègues fédéraux pour élaborer une approche qui réduira les lacunes en matière d’accès aux soins dentaires, tout en minimisant les répercussions pour la majorité des Canadiens qui ont déjà une assurance dentaire.» Le document d’orientation rappelle que le programme fédéral d’investissement dans les soins dentaires offre une occasion unique de faire la différence dans la vie de millions de personnes au Canada. Il faut absolument que le gouvernement fédéral continue de collaborer avec les dentistes et toutes les autres parties intéressées au pays en vue de concevoir un programme de longue haleine qui assurera des soins de la plus haute qualité aux personnes qui en ont le plus besoin. 12 | 2023 | Numéro 2

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La Fédération dentaire internationale, en collaboration avec la Société internationale d’oncologie buccale et le soutien de Zendium, a conçu une nouvelle application mobile baptisée ONCOllab: The Oral Care Guide for Cancer Care Teams. Cette application a pour but d’aider les professionnels d’une équipe d’oncologie à s’occuper des complications buccodentaires associées à un traitement anticancéreux. La Dre Deborah Saunders, directrice médicale du Service d’oncologie dentaire du Centre de cancérologie du Nord-Est, à Sudbury, en Ontario, a accordé une entrevue à CDA Oasis au sujet de cette application. Elle a parlé des incidences de certains traitements contre le cancer sur la santé buccodentaire et a présenté certaines des fonctionnalités de ce nouvel outil. L’application ONCOllab peut aussi être utilisée à titre préventif, puisqu’elle intègre des calculateurs de risques en fonction du siège de la maladie. Ces informations peuvent ensuite être remises ou envoyées par courrier électronique aux patients pour leur donner des précisions sur leur traitement. Application ONCOllab : un guide pour les équipes d’oncologie Première dent, première visite Le 30 avril 2023, l’ADC cessera d’offrir la trousse « Première dent, première visite » puisque la demande a connu une baisse constante. L’ADC recommande fortement que les enfants voient un dentiste dans les six mois suivant l’éruption de leur première dent ou avant l’âge de 1 an. Pour comprendre l’importance de faire voir les tout-petits par un dentiste, reportez-vous au site Web de l’ADC et à nos énoncés de position sur la première visite chez le dentiste et la carie de la petite enfance. Les cabinets dentaires auront toujours la possibilité de télécharger l’affiche à imprimer de cette trousse à partir du site Web de l’ADC. Un nouveau livre blanc, publié par le comité des normes sur l’informatique dentaire de l’Association dentaire américaine (ADA), se penche sur l’intelligence artificielle (IA) et l’intelligence augmentée (IAu). Publié en février 2023, ce livre examine la place de l’IA et de l’IAu dans l’exercice clinique, notamment pour la prévention, les caries et les maladies parodontales, les implants, les chirurgies buccales et maxillofaciales, l’endodontie, l’imagerie et l’orthodontie. Il comprend aussi une analyse des usages non cliniques potentiels de l’IA et de l’IAu, notamment pour le traitement des demandes d’indemnisation, l’intégrité des paiements et l’administration d’un cabinet. Regardez l’entrevue [en anglais] avec la Dre Deborah Saunders sur CDA Oasis à : bit.ly/41Q6dTl bit.ly/3F6ahoC Vous pouvez télécharger le livre blanc [en anglais] à : ada.org/dentalstandards EN BREF L’ADA publie un rapport sur l’IA en médecine dentaire 14 | 2023 | Numéro 2

CONDITIONS AND THE CARE ECONOMY Report of the Standing Committee on Human Resources, Skills and Social Development and the Status of Persons with Disabilities Robert J. Morrissey, Chair FEBRUARY 2023 44th PARLIAMENT, 1st SESSION Le 6 février 2023, le Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées a publié le rapport Les pénuries de main d’œuvre, les conditions de travail et l’économie des soins. Pour préparer ce rapport, le comité de la Chambre des communes a tenu une série de réunions en 2022 avec, entre autres, les Drs Aaron Burry, directeur général de l’ADC et Richard Holden, président sortant de l’ADC. Les 16 recommandations du rapport comprennent deux éléments que l’ADC demande depuis longtemps : • Que le gouvernement travaille avec les provinces et territoires et autres pour améliorer les possibilités d’études et de formation en sante et dans d’autres secteurs de soins ainsi que les besoins futurs en compétences et en main-d’œuvre; et qu’il envisage d’appuyer les stratégies visant a améliorer l’accès a la formation dans les soins, y compris grâce à l’apprentissage en ligne, à des options de formation souples comme les microcertifications, et du relèvement Rapport sur la pénurie de personnel, les conditions de travail et l’économie des soins Le rapport du Comité se trouve ici : bit.ly/3KYOWRY des compétences pour les personnes qui travaillent déjà dans ce domaine. • Que le gouvernement du Canada envisage d’offrir des voies supplémentaires vers la résidence permanente aux travailleurs étrangers temporaires qui ont des compétences ou de l’expérience recherchées, y compris dans l’économie des soins et les métiers spécialisés. L’ADC continuera à insister afin que toute initiative gouvernementale pour résoudre les problèmes de personnel dans le secteur de la santé au Canada tienne compte de la part des soins dispensés en dehors du réseau public canadien, dans des établissements privés comme les cabinets dentaires.

Calmer les sens pour améliorer l’expérience patient L’aménagement d’un cabinet peut changer l’expérience des personnes ayant des besoins particuliers Quand la Dre Alison Sigal a conçu son cabinet dentaire pédiatrique, elle voulait que ses patients, dont plusieurs ont des besoins particuliers, s’y sentent aussi calmes et à l’aise que possible. « L’idée que le cadre environnemental interagit de façon positive sur les cinq sens et qu’il peut contribuer à soulager le stress et l’anxiété est née en Hollande dans les années 1970, précise la Dre Sigal. Pensez à la façon dont vous vous sentez quand vous allez marcher en forêt. Vous sentez l’air frais, vous entendez les oiseaux gazouiller, vous sentez une petite brise. L’environnement agit sur vous, tant au niveau subconscient que conscient. » LaDre Alison Sigal est dentiste pédiatrique et fondatrice du cabinet Little Bird Pediatric Dentistry à Milton, enOntario. Patient se relaxant dans un fauteuil à coque acoustique à réduction de bruit 16 | 2023 | Numéro 2

Images de Snoezelen (de haut en bas) : Salle d’attente avec des jouets sensoriels ; salle d’opération avec écran au plafond ; soins accessibles pour les patients. Elle explique que l’idée, baptisée le Snoezelen, partait de l’hypothèse que si une personne ayant des besoins particuliers reçoit des stimuli apaisants pour ses cinq sens et qu’elle a une certaine emprise sur le cadre dans lequel elle se trouve, elle pourrait se sentir mieux et les soins pourraient être plus efficaces. Ce concept a été testé; les réactions biologiques, comme la pression artérielle, le rythme cardiaque et la fréquence respiratoire, ont étémesurées dans des milieux de santé qui ont mis en pratique l’approche Snoezelen et dans des milieux habituels. « Les données montrent que le niveau de stress était inférieur dans unmilieu de type Snoezelen1 », rapporte la Dre Sigal. Aussi, les retours des patients, des aidants, des équipes de soutien et du personnel médical suggèrent que les patients se sentaient plus calmes et étaient plus coopératifs . Si une personne ayant des besoins particuliers reçoit des stimuli apaisants pour ses cinq sens et qu’elle a une certaine emprise sur le cadre dans lequel elle se trouve, elle pourrait se sentir mieux et les soins pourraient être plus efficaces. En 2016, quand la Dre Sigal a ouvert son cabinet, dans lequel elle a inclus autant d’éléments Snoezelen que possible, elle a commencé à relever des données sur la réaction de ses patients. En 2021, elle a publié un article avec son père, le Dr Michael Sigal, aussi dentiste pédiatrique, pour expliquer comment elle a mis en pratique des principes Snoezelen dans un milieu dentaire et l’influence que ceux-ci ont eue sur les soins buccodentaires de ses patients2. « Environ 85 % de nos patients recevaient des soins dentaires en milieu hospitalier avant de venir à notre cabinet, signale la Dre Sigal. Et environ 50 % d’entre eux nécessitaient une anesthésie générale. Dans notre cabinet, ces mêmes patients peuvent généralement recevoir des soins sans anesthésie, et seulement 5 % ont encore besoin d’une anesthésie générale. » Les sondages de satisfaction montrent que 90 % des nouveaux patients ont trouvé qu’il y avait eu une amélioration des soins, de collaboration et de leur expérience par rapport à leur dernier rendez-vous chez le médecin ou le dentiste. Ils ont déclaré à 98 % que cela était principalement attribuable à l’environnement et aux façons de faire du personnel. « Le plus enthousiasmant, c’est que la création d’un milieu confortable peut faciliter l’accès à des soins dentaires pour les personnes ayant des besoins particuliers, déclare la Dre Sigal. Divers obstacles compliquent les soins et la santé buccodentaires de ce groupe de la population, mais un environnement apaisant conçu spécifiquement pour ces patients peut les aider. » SUITEÀLAPAGE19 17 Numéro 2 | 2023 | Point de mire

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Le terme Snoezelen vient du danois « snuffelen », qui signifie sentir, et « doezelen », qui signifie somnoler. Une salle de type Snoezelen est un milieu thérapeutique multisensoriel contrôlé qui est sécurisant et qui réduit l’anxiété. D’habitude, les milieux de la santé ont des plafonniers qui donnent un éclairage brillant et fluorescent. L’installation de gradateurs pour toutes les lumières permet de diminuer la luminosité. « Dans la plupart de nos pièces, la lumière est soit éteinte, soit fortement adoucie pour maximiser la détente et le confort chez le patient », explique la Dre Sigal. Les patients déclarent souvent que la lumière naturelle contribue puissamment à leur confort. Envisagez des fenêtres avec des stores réglables dans autant de pièces que possible. Les murs de la plupart des pièces du cabinet de la Dre Sigal sont peints de couleurs neutres pâles. « Nous n’utilisons pas de couleurs vives, même si notre cabinet est conçu pour les enfants, car elles sont parfois trop stimulantes », précise-t-elle. Le cabinet offre un milieu sans parfum. « Les odeurs jouent beaucoup sur les émotions, mais leurs effets varient selon la personne. Alors, nous avons jugé qu’il serait préférable de bannir les parfums », signale la Dre Sigal. Le volume de la musique dans chaque pièce est aussi réglable. « La musique va vraiment chercher les émotions et peut avoir un véritable effet calmant, estime la Dre Sigal. Il est très important que les patients puissent choisir la musique et son volume. » Dans les salles de traitement, la Dre Sigal a une télévision installée au plafond et un service de diffusion en continu pour que les patients puissent choisir l’émission qu’ils veulent regarder durant les soins. Aussi, le personnel propose aux patients des couvertures lestées avec des fermetures Velcro qui leur procurent un effet réconfortant et stabilisant. La salle de radiographie panoramique est conçue pour que le patient fasse face à une grande fenêtre qui donne sur l’extérieur, ce qui lui donne une impression de déconfinement et lui offre d’autres sources de distraction. Le modèle de l’appareil de radiographie permet la capture d’images pour les personnes en fauteuil roulant ou utilisant un dispositif d’assistance. « Nous avons aussi un miroir positionné pour que les patients, surtout ceux qui sont malentendants, puissent voir le personnel clinique pendant que l’image est prise », explique la Dre Sigal. Les salles d’attente du cabinet de la Dre Sigal offrent d’autres options pour les sens. Il y a des jouets sensoriels, un trampoline sur lequel les patients peuvent sauter, et une installation murale pour jouer avec des balles. Il y a un fauteuil coquille antibruit qui est capitonné et qui intègre musique et vibrations. Il y a des espaces privés où les patients et leurs aidants peuvent se détendre avant ou après un traitement. La salle à thématique spatiale est dotée d’un appareil laser qui projette des étoiles au plafond et des éléments de l’espace. Avec un éclairage et une musique qu’il est possible de régler, la pièce crée une atmosphère adaptable aux envies des patients. La salle sous-marine se situe derrière la cascade d’eau murale; les reflets de l’eau miroitent dans toute la pièce, qui est décorée d’images à thème subaquatique. La Dre Sigal confie que l’approche Snoezelen peut aussi être utile pour les personnes angoissées à l’idée d’aller chez le dentiste. « Nous réagissons tous aux stimuli sensoriels, souligne-t-elle. Nous savons d’instinct que des facteurs comme des espaces clos ou la lumière artificielle peuvent jouer sur la façon dont nous nous sentons. » Elle reconnaît aussi que la médecine dentaire a certaines caractéristiques qui ne peuvent être changées, mais les principes d’un milieu apaisant peuvent s’appliquer à des Références : 1. Lotan M. Gold C. Meta-analysis of the effectiveness of individual intervention in the controlled multisensory environment (Snoezelen®) for individuals with intellectual disability. J Intellect Dev Disabil. 2009;34:3:207-15. 2. Sigal A, Sigal M. The multisensory/snoezelen environment to optimize the dental care patient experience. Dent Clin North Am. 2022 Apr;66(2):209-28. Intégrer des éléments de type Snoezelen dans un cabinet espaces comme l’entrée, les aires communes, les ascenseurs, les aires cliniques, la salle d’attente, la zone de préadmission et les salles de traitement. « Je suis toujours à la recherche d’améliorations possibles. Pour certains patients, le son de la fraise provoque de l’anxiété. Mais le son de l’eau en cascade peut contrebalancer certaines fréquences élevées de la fraise. » Son cabinet a une cascade d’eau qui fait toute la hauteur d’un mur et que les patients peuvent toucher. La cascade s’entend depuis toutes les pièces. 19 Numéro 2 | 2023 | Point de mire

Entretien de la pièce à main Nettoyeurs à ultrasons Gestion de l’eau automatisée Le retraitement des instruments commence et finit par SciCan. Laveurs d’instruments automatisés Autoclaves BioSonic UC300 SciCan HYDRIM L110W G4 SciCan HYDRIM C61W G4 SciCan STATIM G4 SciCan STATCLAVE G4 Voir les produits de gestion de l’eau HYDRIM et STATIM sont des marques déposées; STATCLAVE et STATMATIC sont des marques commerciales de SCICAN Ltd. BioSonic est une marque déposée de Colténe/Whaledent Inc. BioSonic UC150 SciCan STATMATIC Du nettoyage des instruments à la stérilisation, l’équipement SciCan améliore la sécurité, garantit des résultats prévisibles, maximise l’efficacité et maintient la conformité. Nos spécialistes du contrôle des infections SciCan sont là pour vous aider à améliorer le retraitement de vos instruments. www.scican.com

Le fardeau de l’épuisement professionnel Selon un sondage de l’Association américaine de psychiatrie mené en 2021, 79 % des répondants ont indiqué avoir subi du stress au travail dans le mois précédent. Ce stress a provoqué une lassitude cognitive chez 36 % d’entre eux, un épuisement émotionnel chez 32 % et une fatigue physique chez 44 %. Parmi les professions, celles de l’enseignement et des soins de santé connaissent le taux d’épuisement le plus élevé, et la pandémie n’a pas arrangé les choses. L’équipe de L’essentiel de l’ADC s’est entretenue avec des chercheurs canadiens pour savoir comment l’épuisement professionnel a affecté les dentistes ces dernières années. 21 Numéro 2 | 2023 |

Étude des tendances en santé mentale pour la médecine dentaire et d’autres professions Une équipe baptisée Partenariat sur la santé des travailleurs/euses professionnel/les fait de la recherche sur la santé mentale, les congés de maladie et le retour au travail dans sept professions au Canada, y compris dans la médecine dentaire. «Quand vous êtes à la tête d’un cabinet, il est très difficile de prendre un temps d’arrêt, parce que votre équipe est aussi forcée de s’arrêter. C’est difficile de s’absenter. Vous savez que ce n’est pas facile», a déclaré un dentiste à l’équipe de recherche qui demandait pourquoi les dentistes ne prenaient pas congé pour des raisons de santé mentale. «La pandémie est arrivée en pleine collecte de données, précise la Dre Ivy Bourgeault, professeure à l’Université d’Ottawa, titulaire de la Chaire de recherche sur le genre, la diversité et les professions, et directrice du Partenariat. Bien évidemment, elle a constitué un facteur important pour les travailleurs de la santé, y compris les dentistes. Nous avons constaté une forte augmentation du nombre de personnes souffrant d’épuisement professionnel.» À partir de données préliminaires, les chercheurs ont noté que, par rapport aux autres groupes professionnels, les dentistes étaient lesmoins susceptibles d’admettre avoir des ennuis de santémentale, comme de l’épuisement professionnel. Parmi toutes les professions de l’étude, qui comprenaient les médecins, les universitaires et les infirmières, la moyenne s’élevait à 58 %, tandis qu’elle s’établissait à 44 % pour les dentistes. «Il se peut que certains dentistes soient réticents à parler de leurs propres ennuis de santé mentale à cause des préjugés, croit la Dre Tracey Adams, cochercheuse rattachée à l’équipe dentaire et professeure à l’Université Western. Aussi, certains pourraient craindre que si leur état de santé mentale était connu cela aurait une incidence négative sur leur cabinet.» «Malgré le fait que les ennuis de santé mentale soient communs, dans le monde dentaire, il y a encore beaucoup de préjugés entourant la maladie mentale, précise le Dr Mario Brondani, chercheur principal du volet dentaire et professeur à la Faculté de médecine dentaire de l’Université de la Colombie-Britannique. De fait, la stigmatisation pourrait expliquer pourquoi il y a eu si peu de recherches sur la santé mentale dans le domaine dentaire.» Parmi les dentistes qui ont déclaré souffrir de problèmes de santé mentale, 54 % ont apporté des changements à leur milieu professionnel, le plus souvent en réduisant leur charge de travail, en prenant des jours de congé de maladie et en allant chercher de l’aide médicale. Bien que 28 % de ces dentistes aient songé à prendre un congés de maladie, seulement 13 % l’ont fait et parmi eux, seulement la moitié sont revenus au travail, tandis que 41 % ont quitté la profession. «Les autres professions étaient largement plus susceptibles de prendre un congé de maladie en premier lieu, rapporte la Dre Bourgeault. Et les professionnels qui le faisaient étaient plus susceptibles de revenir au travail par la suite. Dans le monde dentaire, beaucoup d’obstacles se posent à une personne qui souhaite prendre un congé de maladie, et si le dentiste le fait, il est «On a constaté une augmentation frappante de la détresse et de l’épuisement pendant la COVID», souligne la Dre Bourgeault. Avant la pandémie, les dentistes évaluaient leur santé mentale comme étant très bonne, avec un score moyen de 3,68 sur une échelle de 4,0. Durant la pandémie, les dentistes ont déclaré que leur santé mentale était bonne, le score moyen diminuant à 2,92. Le nombre de dentistes qui ont signalé éprouver un symptôme ou plus d’épuisement professionnel a augmenté. «On a aussi remarqué que les femmes dentistes déclaraient plus souvent souffrir d’épuisement que leurs homologues masculins.» Le stress est souvent causé par le travail et d’autres facteurs; la recherche menée durant la pandémie a montré que les femmes avaient des obligations familiales accrues par rapport aux hommes, pour s’occuper des enfants. À terme, l’équipe de recherche prévoit de favoriser la santé mentale des dentistes et de leur apporter un soutien en élaborant des interventions et des outils spécialement conçus pour aborder les difficultés auxquelles ils sont confrontés. «Le modèle d’emploi en médecine dentaire diffère de celui de bon nombre d’autres professions de la santé au Canada, ce qui fait que la gestion d’un cabinet dentaire ainsi que la dette à contracter pour en posséder un et l’exploiter sont des facteurs de stress propres aux dentistes, précise la Dre Bourgeault. Par exemple, les dentistes ont indiqué qu’ils n’arrivent pas à bien prendre soin de leur santé mentale parce qu’ils peinent à trouver des remplaçants pour faire fonctionner leur cabinet et maintenir une source de revenus s’ils prennent congé. Un bassin de remplaçants constituerait donc un moyen important de soutenir la santé mentale des dentistes.» «Les facultés de médecine dentaire sont un bon endroit pour faire de l’intervention précoce, juge le Dr Brondani. Bien des facultés abordent déjà les questions de santé mentale. Si les facteurs de stress à l’origine de l’épuisement professionnel des dentistes sont liés à leur modèle d’affaires, nous devrions parler de stratégies de santé mentale liées à la gestion d’un cabinet.» plus difficile de revenir à l’exercice que dans d’autres professions. Ou bien les dentistes qui ont pris congé étaient tellement épuisés qu’ils ne pouvaient tout simplement pas revenir au cabinet dentaire.» À savoir pourquoi les dentistes avaient choisi de ne pas prendre congé, les données montrent que, la plupart du temps, ils trouvaient que leurs problèmes de santé mentale n’étaient pas assez graves pour justifier les répercussions sur les patients et le personnel, ainsi que les pertes financières. Dans le monde dentaire, beaucoup d’obstacles se posent à une personne qui souhaite prendre un congé de maladie, et si le dentiste le fait, il est plus difficile de revenir à l’exercice que dans d’autres professions. SUITE 22 | 2023 | Numéro 2 Point de mire

Un tour de force pour votre cabinet. Une planification de traitement numérique en un seul endroit. Des mouvements progressifs peuvent produire des résultats étonnants. Voilà pourquoi de plus en plus d’orthodontistes optent pour une solution de planification de traitement tout-en-un pour les aligneurs, les boîtiers et les traitements combinés. Effectuez des mouvements dans un but précis en utilisant un système d’aligneurs à deux matériaux pour assurer un contrôle optimal pendant le traitement. Aligneurs ClarityMC Flex + Force 3MMC Effectuez des mouvements fluides grâce à la planification de traitement numérique pour les aligneurs et/ou les boîtiers, le tout en un seul endroit. Portail Soin Oral 3MMC Effectuez des mouvements efficaces grâce au système d’aligneurs qui lie avec précision une arcade complète de boîtiers, d’un seul coup. Liaison numérique 3MMC Votre prochain mouvement magistral? Communiquez avec un expert en orthodontie de 3M. 3M, 3M Science. Au service de la Vie. et Clarity sont des marques de commerce de 3M, utilisées sous licence au Canada. © 2023, 3M. Tous droits réservés. 2212-25372 F

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Dre Tracy Adams Découvrez les travaux du Partenariat sur la santé des travailleurs/euses professionnel/les à healthyprofwork.com [site en anglais seulement]. morale nécessaire pour revivre un événement comme le SRAS, ce qui fait qu’on pouvait penser qu’elles s’en sortiraient moins bien pendant la COVID», a cru la Dre Styra. Mais elles étaient aussi résilientes. «Elles avaient déjà connu une telle période. Alors, elles se sont retroussé les manches et ont traversé une autre crise. C’était un résultat encourageant pour l’ensemble du système de santé ; les travailleurs de la santé étaient là pour s’occuper des patients. » Au début de la pandémie, quand la plupart des cabinets étaient fermés, j’imagine bien que les dentistes ressentaient un grand stress à l’idée de ne pas pouvoir s’occuper de leurs patients. Une étude sur la santé mentale du personnel de la santé en période de crise En 2003, la Dre Rima Styra, psychiatre et professeure associée à l’Université de Toronto, a étudié l’effet de l’épidémie de SRAS sur la santé mentale du personnel de la santé. «Cette épidémie a causé beaucoup de stress, alors on a examiné les symptômes de la dépression, de l’anxiété et du trouble de stress post-traumatique, explique-t-elle. Bon nombre de travailleurs de la santé que nous avons interrogés ont déclaré qu’ils ne pourraient pas revivre une situation comme celle du SRAS. C’était trop difficile.» Au début de la pandémie de COVID-19, la Dre Styra, et son équipe ont répété leur enquête auprès de 3500 travailleurs de la santé de divers milieux1. «On a relevé un niveau élevé d’anxiété, de dépression et de symptômes de stress posttraumatique», signale-t-elle. L’enquête a aussi sondé la façon dont les répondants composaient avec le stress en posant des questions sur la consommation d’alcool, les aides au sommeil, le soutien social et le soutien structuré en matière de santé mentale. «Nos résultats ont montré que la plupart des personnes ont obtenu du soutien auprès de collègues et de leur famille et que ce soutien a favorisé leur résilience. » Un sous-groupe de personnes sondées avait travaillé durant le SRAS et la COVID-19. «C’était intéressant parce que bon nombre de ces personnes avaient déclaré ne pas avoir la force L’épidémie de SRAS n’a pas duré aussi longtemps que la pandémie de COVID-19, ce qui signifie que les deux événements ont des incidences très différentes sur la santé mentale des travailleurs de la santé2. Les problèmes de ressources humaines causés par la COVID-19 et le stress de longue haleine engendré par la pandémie font que l’épuisement professionnel est particulièrement préoccupant pour les travailleurs de la santé, y compris les dentistes. «Au début de la pandémie, quand la plupart des cabinets étaient fermés, j’imagine bien que les dentistes ressentaient un grand stress à l’idée de ne pas pouvoir s’occuper de leurs patients, confie-t-elle. Quand on sent une obligation morale, mais qu’on ne peut y donner suite à cause de facteurs externes, ça peut être très stressant. » Ce sentiment s’appelle une blessure ou une détresse morale. « Il peut aussi survenir quand les besoins des patients dépassent les ressources d’un cabinet dentaire. Durant la COVID, on avait souvent peu de ressources et de temps à cause des besoins accrus, ce qui pouvait être très difficile. » La Dre Styra croit que l’impossibilité d’entretenir des liens avec des collègues et les membres de l’équipe durant la pandémie a aussi joué sur la santé mentale. «Le fait de ne pas pouvoir prendre le café avec des collègues ou bavarder avec eux dans la salle du personnel peut sembler sans grand intérêt, mais les liens sociaux sont importants », souligne-t-elle. Elle suggère aussi qu’il peut être intéressant pour les dentistes, qui travaillent souvent dans des cabinets séparés, de nouer de solides relations au sein de la profession. Le soutien de confrères qui comprennent les sources de stress communes aux dentistes peut être très utile et efficace. Le Partenariat sur la santé des travailleurs/euses professionnel/les est une initiative qui étudie la santé mentale, les congés de maladie et le retour au travail. Dre Ivy Bourgeault Dr Mario Brondani Point de mire

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