Volume 9 • 2022 • Numéro 3
Selon le Dr Siqueira, dans le règne animal, la complexité de la salive est inversement proportionnelle au nombre de fois que les dents se renouvellent chez une créature. Par exemple, le requin renouvelle fréquemment ses dents, ce qui lui évite d’avoir besoin d’une salive complexe. De fait, sa salive semble contenir des mucines, une grosse protéine qui protège la membrane intérieure de sa bouche contre l’eau de mer. « Et c’est à peu près tout, dit le Dr Siqueira. Mais les humains, qui n’ont que deux séries de dents dans leur vie, ont dû développer une salive complexe capable de combattre les bactéries et de réparer les dents, puisqu’elles sont la seule partie du corps incapable de se guérir d’elle-même. À son cabinet, le Dr Siqueira a noté que la salive était surtout considérée comme une complication durant une restauration. « Souvent, nous essayions de l’éviter et de nous assurer qu’elle ne contamine pas notre travail », explique-t-il. Mais il est d’avis que les dentistes en viendront à comprendre l’importance de la salive, notamment en tant qu’outil diagnostic. « À l’instar des médecins qui utilisent le sang pour diagnostiquer une maladie, nous aurons la salive », avance-t-il. Il espère que la mesure du volume de salive fera couramment partie de l’examen dentaire. Et comme les soins de santé deviennent de plus en plus personnalisés, la recherche de certaines protéines dans la salive pourrait devenir un élément clé de la prise en charge des patients chez le dentiste. Le Dr Siqueira croit fermement aux vertus de la salive et il est convaincu que l’avancement des connaissances sur le sujet pourrait améliorer la santé buccodentaire de millions de personnes. « La salive contribue à maintenir la bouche en bonne santé. Elle fait donc partie de la même équipe que les dentistes. Nous menons le même combat », déclare-t-il. Références : 1. OppenheimFG, Salih E, SiqueiraWL, ZhangW, Helmerhorst EJ. Salivary proteome and its genetic polymorphisms. AnnNYAcad Sci . 2007;1098:22-50. 2. SiqueiraWL, CustodioW, McDonald EE. New insights into the composition and functions of the acquired enamel pellicle. J Dent Res . 2012;91(12):1110-8. 3. Isho B, Abe KT, ZuoM, Jamal AJ, Bhavisha R,Wang JH, et al. Persistence of serum and saliva antibody responses to SARS-CoV-2 spike antigens inCOVID-19 patients. Sci Immunol . 2020 8;5(52):eabe5511. 4. Zhu Y, Marin LM, Xiao Y, Gillies ER, SiqueiraWL. pH-Sensitive ChitosanNanoparticles for Salivary ProteinDelivery. Nanomaterials (Basel) . 2021;11(4):1028. Après ses études en médecine dentaire, le Dr Walter Siqueira a obtenu un doctorat en biologie et biochimie buccales à l’Université de São Paulo en 2005. Il a enseigné à l’Université de Boston et à l’Université Western avant de devenir professeur à l’Université de la Saskatchewan, où il est actuellement doyen associé du Collège de médecine dentaire. En 2012, il a reçu le Prix du chercheur de l’année sur la salive décerné par le Groupe de recherche sur la salive de l’Association internationale de recherches dentaires, qui lui a aussi remis une bourse de scientifique émérite en 2019. Le Dr Siqueira a par ailleurs été président de l’Association canadienne de recherche dentaire en 2019-2021. En septembre 2021, il a été nommé membre de l’Académie canadienne des services de la santé, l’une des plus hautes distinctions accordées à un universitaire au Canada. 38 | 2022 | Numéro 3 Point de mire
Made with FlippingBook
RkJQdWJsaXNoZXIy OTE5MTI=