Volume 9 • 2022 • Numéro 3
Le Dr Siqueira espère que la mesure du volume de salive fera couramment partie de l’examen dentaire. La recherche de certaines protéines dans la salive pourrait devenir un élément clé de la prise en charge des patients chez le dentiste. pairs. De fait, il est tellement passionné par sa recherche que sa plaque d’immatriculation est « SALIVA » (salive). Il y a quelques années, le Dr Siqueira et son équipe ont mis au point une nanoparticule qui adhère aux dents et est sensible au pH 4 . Elle s’ouvre quand le pH dans la bouche diminue et relâche une protéine spécialisée qui tue les bactéries et protège l’émail des dents. Une fois que le pH revient à son taux normal, la nanoparticule se referme et conserve une partie de la protéine encore à l’intérieur pour la prochaine baisse de pH. « Quand nous mangeons ou buvons un café sucré, le pH de notre salive diminue, ce qui rend nos dents vulnérables aux bactéries, précise le Dr Siqueira. Puis, après 10 ou 20 minutes, le pH revient à environ 6,8. » Les nanoparticules offrent une protection aux moments où les dents en ont le plus besoin. Une nanoparticule peut rester dans la bouche et suivre les fluctuations de pH pendant six heures. Selon le Dr Siqueira, les applications potentielles de la technologie des nanoparticules sont prometteuses. « J’espère qu’un jour cette technologie prendra la forme d’un rince-bouche ou d’une boisson gazeuse. Elle pourrait aussi être d’une grande utilité chez les animaux. L’utilisation stratégique des protéines pour changer les biofilms est très intéressante. » La technologie a été mise à l’essai in vitro et en laboratoire sur des souris et des rats et a donné des résultats concluants. « Une bonne partie des conseils de santé buccodentaire que nous donnons à nos patients visent à modifier leur comportement, explique le Dr Siqueira. Nous pouvons leur demander de manger moins de sucre, mais il est difficile de vraiment leur faire changer de comportements. Il est bon de disposer d’autres types d’outils. » Les premières études sur la salive ont voulu mesurer le débit du liquide salivaire; une quantité insuffisante de salive peut avoir des effets négatifs importants sur la santé buccodentaire. « L’oligosialie est un effet indésirable de la plupart des médicaments courants », précise le Dr Siqueira. Tant les médicaments en vente libre que ceux sur ordonnance assèchent la bouche, qu’il s’agisse d’antidouleurs, d’antidépresseurs ou de médicaments contre l’hypertension. Environ un adulte sur quatre souffrirait de sécheresse buccale. La salive est très difficile à synthétiser et, à l’heure actuelle, il n’y a aucun substitut efficace pour contrer la sécheresse buccale sévère, bien que certains médicaments accroissent la production salivaire naturelle. La recherche s’attardemaintenant à identifier les électrolytes de la salive, puis les protéines. « La protéomique, soit la science qui sert à identifier et caractériser les protéines dans les systèmes vivants, a été très efficace dans l’étude de la salive. Au cours des dernières décennies, le nombre de protéines identifié est passé d’une quarantaine à 4 000, souligne le Dr Siqueira. Chaque protéine a une fonction dans la bouche ou dans l’ensemble du corps. Elle a un rôle important à jouer 1 . » Sa recherche a montré que les protéines salivaires s’unissent pour former un bouclier protecteur sur les dents contre les bactéries 2 . Dans son laboratoire, le Dr Siqueira et son équipe utilisent une simulation informatique pour déterminer l’évolution des protéines présentes dans la salive au fil du temps. Ces « super » protéines évoluées peuvent ensuite être synthétisées pour aider à prévenir la carie ou les maladies des gencives. Le laboratoire du Dr Siqueira analyse aussi les protéines salivaires pour trouver des biomarqueurs de maladies systémiques. « La salive peut servir à poser bien des diagnostics, dit-il. Nous cherchons actuellement des biomarqueurs de la COVID-19 à partir de la protéomique salivaire. Nos premières données montrent que le processus est très solide et sensible. Nous arrivons à détecter des peptides créés par le virus dans la salive au lieu de l’ARN du virus 3 . » 37 Numéro 3 | 2022 | Point de mire
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