Volume 9 • 2022 • Numéro 1

Le Dr Aaron Burry, chef de l’équipe de riposte à la COVID-19 de l’ADC et directeur général adjoint de l’ADC, répond à lami-janvier à des questions liées à la pandémie qui sont d’intérêt enmédecine dentaire. Q Les choses ont changé depuis nos dernières questions sur la COVID. Où en sommes-nous maintenant? Dr Aaron Burry (AB) : En novembre, nous avions l’impression d’être sur la bonne voie; au Canada, le nombre de cas était faible et le taux de vaccination, assez élevé. Nous savions qu’un nouveau variant pouvait toujours changer la trajectoire de la pandémie, ce qui est arrivé. Le variant Omicron s’est répandu comme une traînée de poudre dans le monde entier. Il est tellement contagieux que presque du jour au lendemain il a remis en question toutes les règles de ce qui réduit efficacement le risque de transmission. Cette semaine, il y a eu 3 millions de nouveaux cas quotidiens dans le monde, par rapport à 500 000 cas par jour à la mi-novembre. Au Canada, le nombre de nouveaux cas quotidiens signalés a atteint les 40 000 par rapport à 2 500 à la mi-novembre. Le Dr Michael Osterholm, épidémiologiste américain, a utilisé une analogie pour comparer Omicron à d’autres variants de la COVID. C’est comme si le premier virus de la COVID-19 était une chute de neige. Le variant Delta était une grosse tempête et le variant Omicron est un véritable blizzard, un blizzard viral! Avec une transmission aussi fulgurante, nous avons tous un ami, un patient, un collègue ou un membre de la famille qui a contracté la COVID. Mais à quelque chose malheur est bon : malgré le nombre élevé d’infections, les hospitalisations et les décès ne semblent pas aussi fréquents durant la présente vague, ce qui pourrait s’expliquer par deux facteurs : la vaccination évite d’être gravement malade et le variant Omicron cause une forme moins grave de la maladie. Q Le variant Omicron devrait-il changer notre riposte à la pandémie? AB : Ce que nous faisions, en tant que société, pour prévenir la transmission ne semble pas fonctionner aussi bien qu’avant. Au début de la pandémie, des mesures comme une distance de 2 mètres et le port du masque fonctionnaient bien. Il semblerait que le variant Omicron ait une charge virale suffisante pour qu’un simple contact bref et informel dans un espace intérieur suffise à transmettre la maladie. Par exemple, l’industrie aérienne américaine en décembre avait des protocoles qui fonctionnaient bien dans les avions. Mais, tout à coup, à cause du variant Omicron, une grande partie du personnel navigant s’est trouvé infecté, même s’il portait des masques chirurgicaux, et des milliers de vols ont dû être annulés faute de personnel. Alors, un protocole fonctionne jusqu’à ce qu’il ne fonctionne plus. Actuellement, j’ai l’impression que nous naviguons à l’aveuglette parce que le nombre de cas est inexact. Il est très difficile de mesurer combien de personnes ont la COVID quand les infections asymptomatiques sont courantes. Même le nombre d’hospitalisations n’est pas aussi révélateur qu’auparavant. Dans les vagues antérieures, le nombre de personnes gravement atteintes de la COVID et devant être hospitalisées était très clair. Maintenant, bien des personnes hospitalisées pour d’autres raisons que la COVID contractent ce virus durant leur séjour à l’hôpital. Je viens de lire que, sur les 3 630 personnes à l’hôpital aujourd’hui qui ont la COVID en Ontario, 54 % y ont été admises à cause de ce virus et 46 % l’ont contracté après leur admission pour un autre trouble de santé. Les mesures de prévention des infections et d’isolement que les hôpitaux et les établissements de soins de longue durée utilisaient avec succès l’an dernier ne fonctionnent plus avec le variant Omicron. Je sais que bien des gens sont fatigués d’entendre dire que la situation est « sans précédent », mais la vitesse de transmission d’une maladie respiratoire aérogène comme celle-ci est du jamais vu. Les éclosions se multiplient. Par contre, nous avons de la chance que les cas graves de la maladie soient moins courants avec le variant Omicron, qui semble causer davantage de maladies des voies respiratoires supérieures, moins susceptibles d’affecter les poumons. Dr Aaron Burry Réponses à vos questions liées à laCOVID-19 9 Numéro 1 | 2022 | L’ADC sur le terrain

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