Volume 8 • 2021 • Numéro 5
Les opinions exprimées sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement les opinions ni les politiques officielles de l’Association dentaire canadienne. et qu’une forte proportion de personnes non vaccinées se retrouvent aux soins intensifs. Les données montrent que 90 % des personnes envoyées aux soins intensifs après avoir été admises à l’hôpital sont des personnes non vaccinées qui ont besoin d’un respirateur, de niveaux de soins élevés et souvent d’un long séjour dans le système hospitalier, ce qui met à rude épreuve la capacité de notre réseau de la santé. Dans certaines régions, les urgences ont atteint 95 % de leur capacité et le pic de la présente vague n’est pas encore arrivé. Q Y a-t-il du nouveau au sujet des vaccins contre la COVID? AB : On savait que les vaccins ne seraient pas une panacée, mais ils ont certainement été très utiles. Quand ils ont été mis au point, on espérait qu’un taux de vaccination de 70% aurait une énorme incidence sur la progression de la pandémie. Mais le variant Delta a montré que ce pourcentage doit être beaucoup plus élevé. Je crains l’arrivée de l’automne et de l’hiver, les saisons où il y a habituellement une augmentation des maladies respiratoires au Canada. Il ne faut surtout pas oublier que, même avec deux doses de vaccin, une personne peut contracter la COVID. Elle peut tomber malade et surtout transmettre la maladie à d’autres. En mai, on pensait qu’il était improbable qu’une personne vaccinée transmette le virus. Mais il a fallu se raviser. Des pans fermés de l’économie reprennent maintenant du service et les écoles rouvrent, ce qui permet au virus de se répandre très rapidement dans la population. Il ne faut pas oublier non plus que la diminution progressive de l’immunité pourrait exiger un vaccin de rappel. Des données israéliennes suggèrent qu’une troisième dose de vaccin pour les personnes de plus de 65 ans serait souhaitable après environ 6 à 8 mois. Mais nul ne sait avec certitude combien de temps après la première dose. En octobre et novembre, il se sera écoulé 6 à 8 mois depuis que bien des dentistes au pays auront été vaccinés. Il nous faudra peut-être alors réfléchir à nos activités et à nos comportements en dehors de nos cabinets. J’aimerais bien que les vaccins contre la COVID soient entièrement efficaces pour tous et qu’il soit possible de prédire avec certitude la durée de l’immunité. Mais ce ne sont pas des vaccins de stérilisation qui évitent de contracter la maladie (comme la variole). Les vaccins contre la COVID-19 donnent au système immunitaire un portrait du virus pour le préparer à y réagir s’il trouve des traces de la composition génétique du virus. Ils offrent nettement une protection contre la maladie et constituent encore le meilleur moyen de défense à notre disposition. Q Quelle sera l’influence des passeports vaccinaux et de la vaccination obligatoire dans les prochains mois? AB : Cette mesure de santé publique vise à réduire le nombre de fois que les personnes vulnérables pourraient entrer en contact avec des vecteurs d’infection. Ces mesures visent à éviter autant que possible que des personnes susceptibles de tomber gravement malades soient éventuellement exposées au virus. Il s’agit de la même logique qu’avant l’arrivée des vaccins : la capacité des hôpitaux a des limites, ce qui fait qu’il faut maintenir un niveau d’hospitalisation qui est faible pour être capable d’assurer d’autres soins de santé essentiels. Certaines entreprises ont maintenant une politique de vaccination obligatoire, ce qui a du sens du point de vue de la direction. Une entreprise a besoin de personnel en santé pour fonctionner. Selon les sondages, la plupart des Canadiens souhaitent que la vaccination soit obligatoire dans de nombreux contextes, notamment en santé. Mais il y aura toujours un petit nombre de personnes qui ne pourront se faire vacciner pour des raisons médicales particulières. Je crois que, quand la vaccination au Canada allait bon train au début de l’été, bon nombre d’entre nous avons cru que nous en avions fini avec la pandémie, que nous pouvions cesser d’être toujours sur nos gardes et que nous pouvions arrêter de penser au virus. Mais les chiffres dans le monde montrent que la pandémie n’est pas finie; elle est seulement entrée dans une nouvelle phase. Q Qu’est-ce que tout cela signifie pour les dentistes? AB : Des collègues me disent que, même si bon nombre d’entre nous sommes très occupés et travaillons beaucoup, notre activité ne génère pas nécessairement les mêmes revenus qu’avant la pandémie. Ces remarques ont été formulées au passage, mais je crois que bien des dentistes travaillent de longues heures et essaient de prodiguer davantage de soins lors d’un même rendez-vous pour rattraper aussi efficacement que possible le retard accumulé. Certains chiffres des États-Unis suggèrent que les coûts d’exploitation d’un cabinet grimpent. En plus de l’augmentation des coûts, il y a les nouveaux protocoles exigeant davantage de temps et de ressources. Il semble que l’inflation se fasse sentir sur les cabinets dentaires aux États- Unis. Nous entendons les mêmes préoccupations au Canada. Pour ma part, même après tous ces mois de pandémie, il me faut encore beaucoup de temps pour certaines tâches, comme assurer le dépistage, respecter les protocoles resserrés de prévention des infections et aussi revêtir et retirer l’équipement de protection personnel plusieurs fois par jour. Rien n’est encore acquis. Je souhaite rappeler à mes confrères qu’il faut continuer à faire preuve de vigilance, que les protocoles en place dans nos cabinets pour prévenir la propagation de la COVID sont très efficaces et que, malheureusement, même les personnes entièrement vaccinées peuvent transmettre le virus. 12 | 2021 | Numéro 5 L’ADC sur le terrain
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