Volume 8 • 2021 • Numéro 2
Q À titre de scientifique, que pensez-vous de la façon dont l’information sur la COVID est transmise en général? JK : Il peut être difficile pour le public de savoir où obtenir des renseignements fiables. Les médias sociaux ont mené à la montée en puissance des « spécialistes de salon » dans presque tous les domaines, ce qui peut poser des problèmes. Des membres de ma famille m’envoient des billets qu’ils ont vus dans les médias sociaux pour savoir si l’information est vraie. Je les aide à s’y retrouver et à repérer la désinformation – faire le tri des faits et de l’inconnu. Je pense qu’en gros la situation s’améliore à cet égard, mais la communauté biomédicale a été lente à faire front commun contre la désinformation. En revanche, le fait que la communauté scientifique soit présente sur Twitter m’a permis de collaborer et de rencontrer des collègues. C’est extraordinaire et j’ai eu la chance d’en profiter. Nous nous trouvons à une époque où les chercheurs et les scientifiques doivent se trouver une place dans le paysage des nouveaux médias pour que nous puissions établir une communication bidirectionnelle avec les responsables de la santé publique et le personnel de la santé, tout en montrant que nos informations sont fiables et valables. Q Que pouvez-vous nous dire au sujet des nouveaux variants de la COVID? JK : Même si les coronavirus mutent à un rythme plus lent que les virus du même genre, comme celui de la grippe, ils accumulent tout de même des mutations au fil de la transmission communautaire. La grande majorité de ces mutations n’aura sans doute aucun effet sur le virus. Mais une mutation ou un ensemble de mutations peut se produire et donner un avantage au nouveau virus ainsi créé, comme accroître son pouvoir de transmission ou sa capacité d’échapper au système immunitaire. Les souches de virus en circulation peuvent ainsi se faire dépasser. C’est arrivé au cours de la pandémie, notamment avec la mutation D614G, qui est devenue dominante en Europe puis qui s’est déplacée en Amérique du Nord au début de 2020. Nous surveillons actuellement trois nouveaux variants qui ont des mutations et des caractéristiques inquiétantes : le B.1.1.7 (détecté pour la première fois au Royaume-Uni), le B.1.351 (détecté pour la première fois en Afrique du Sud) et le P.1 (détecté pour la première fois au Brésil). Les trois sont apparus séparément dans différents coins du monde et présentent des caractéristiques qui pourraient être préoccupantes pour la lutte que nous menons contre la pandémie. Il a été montré que le variant B.1.1.7 avait une transmissibilité accrue, ce qui pourrait avoir une incidence sur les recommandations de santé publique en matière de prévention et de suivi des infections. Le B.1.351 et le P.1 ont des mutations similaires qui améliorent leur capacité à échapper au système immunitaire. Pour le variant B.1.351, de nouvelles études sont menées pour déterminer si les anticorps produits par les vaccins actuellement autorisés offrent une protection suffisante contre le virus. Certaines préoccupations ont été soulevées à cet égard, mais les données sont encore en cours d’analyse. Nous allons probablement devoir continuer à changer et à adapter nos comportements généraux et nos mesures de lutte contre les infections en fonction des nouvelles données qui seront disponibles. APPRENDRE DE LA COVID-19 Q En conclusion, quel message voulez-vous transmettre aux dentistes? JK : Pour l’instant, je pense surtout que nous allons probablement devoir continuer à changer et à adapter nos comportements généraux et nos mesures de lutte contre les infections en fonction des nouvelles données qui seront disponibles, surtout compte tenu des variants et de l’évolution de nos connaissances sur le fonctionnement des vaccins (c’est-à-dire la protection contre les maladies graves avec ou sans effets sur la transmission). Le SRAS-CoV-2 circule largement parmi la population et nous le voyons changer et s’adapter au fur et à mesure qu’il se propage dans nos collectivités. Notre plus grande arme à l’heure actuelle consiste à essayer de réduire la transmission, parce que le virus ne peut continuer à changer s’il n’arrive pas à créer de nouvelles copies de lui-même, ce qu’il ne peut faire que par infection. La communauté scientifique continuera à analyser les données et à fournir l’information la plus pertinente possible pour protéger la population canadienne. P oint de mire 34 | 2021 | Numéro 2
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