Volume 8 • 2021 • Numéro 1

Selon elle, l’incidence de la COVID sur l’humain ressemble à une courbe en cloche – une distribution des probabilités avec des écarts types et des valeurs aberrantes. « Certaines personnes n’ont presque pas été touchées, explique-t-elle, tandis que d’autres souffrent cruellement de la perte d’un être cher. » Il y a un effet semblable sur l’économie. Certains ont perdu leur emploi ou vivent des difficultés, et d’autres pas. Des patients ont vu leur gagne-pain disparaître complètement sans savoir quand ils s’en remettront, tandis que d’autres ont à peine été touchés. Il en va de même pour les ravages émotionnels. Certains patients se présentent à leur rendez- vous en proie à une anxiété profonde, tandis que d’autres voient leur rendez-vous comme une occasion attendue de socialiser avec autrui. s’attarde au côté positif : les cabinets dentaires sont ouverts, les associations dentaires travaillent plus étroitement que jamais avec les autorités de santé publique, et les mesures entourant l’ÉPI n’ont jamais été aussi bonnes. Elle ajoute que la médecine dentaire profitera des innovations technologiques découlant de la pandémie, mais elle prévient qu’il faudra beaucoup de recherches et d’études pour vérifier les changements de longue portée. Avant de terminer, elle revient sur le verre d’eau et la sempiternelle question de déterminer s’il est à moitié vide ou à moitié plein. « Je déteste cette question, avoue-t-elle. On me l’a demandée une fois lors d’un premier rendez-vous galant et ça m’a un peu énervé. » Elle rit, mais s’explique. « Je n’aime pas cette question parce qu’elle sert à mettre une étiquette sur quelque chose ou quelqu’un. C’est beaucoup plus complexe. Et la COVID, c’est ça. C’est complexe. Les facteurs qui entrent en jeu, leurs effets. Il ne faut pas nous limiter à des étiquettes ou à des catégories. J’espère juste que chacun regardera ce qui se trouve dans le verre. » Nous avons terminé notre conversation et j’ai regardé la tasse de thé à moitié bue sur mon bureau. Je sais que, quoi que la Dre Simoens choisisse de faire avec l’eau de son verre, elle continuera à avoir une incidence positive sur ses patients et sur la profession dentaire pendant longtemps. « Il y a toutes sortes de points de vue et je ne peux qu’essayer d’être forte et stable pour mon personnel et mes patients, de faire preuve d’autant de résilience que possible et d’être à l’écoute en plus de faire rire un peu », précise la Dre Simoens. Il y a aussi l’incidence sur la profession dentaire elle-même. À cet égard, la Dre Simoens revient vite sur le fait que nous ne sommes pas seuls. Il y a la communauté, auprès de laquelle elle est d’ailleurs très engagée. Membre du cercle d’études en prosthodontie du Manitoba et du cercle d’études dentaires progressives de Winnipeg, conférencière occasionnelle pour le programme de mentorat étudiant et coprésidente du cercle d’études en médecine dentaire générale, la Dre Simoens connaît bien toute la force d’une communauté. Elle sait que l’esprit de communauté est particulièrement important en cette période de pandémie, surtout dans sa province du Manitoba où quelque 300 dentistes ont formé des groupes de discussion pour se retrouver, échanger de l’information, créer des ressources et même passer des commandes en gros d’équipement de protection individuelle (ÉPI). « Cela ne fera que nous rendre plus forts pour l’avenir », dit-elle. Au sujet de l’avenir, la Dre Simoens reconnaît qu’il règne toujours une incertitude. Mais elle s’empresse de préciser que la pandémie ne durera pas pour toujours. Encore une fois, elle Il y a toutes sortes de points de vue et je ne peux qu’essayer d’être forte et stable pour mon personnel et mes patients, de faire preuve d’autant de résilience que possible et d’être à l’écoute en plus de faire rire un peu. La version originale du présent article, rédigée par Gabriel Fulcher, est parue dans CDA Oasis à : bit.ly/36DDQ01 [en anglais] P oint de mire

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