Volume 8 • 2021 • Numéro 1

Une personne sur cinq au Canada vit avec un trouble de santé mentale. Alors, même si on ne le voit pas, tous les dentistes travaillent avec des personnes qui ont un trouble de santé mentale. M. Ed Mantler Vice-président des Programmes et priorités à la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC) était intenable et j’ai quitté cet emploi pour préserver ma santé », écrit-il. J’ai beaucoup de chance d’être dentiste parce que j’ai plus de perspectives d’emploi que la plupart des gens 1 . » Aujourd’hui, le Dr Rosenbloom trouve son travail – à la Faculté de médecine dentaire de l’Université de Toronto et au CAMH – très gratifiant. Il profite de sa vie de famille et fait des choses qui lui tiennent à cœur. Pour maintenir sa santé mentale, il dit qu’il aime beaucoup faire du vélo. « Je me rends au travail en vélo et je rentre à la maison en vélo, tous les jours, peu importe la température », précise-t-il. CSMC et le Conference Board du Canada montrent que 84 % des répondants estiment que leur santé mentale s’est détériorée depuis le début de la pandémie de COVID-19 5 . « Il est possible de se remettre d’un trouble de santé mentale ou d’une maladie mentale, explique Ed Mantler, vice-président des Programmes et priorités à la CSMC, tout comme il est possible de se remettre d’un infarctus. » Récemment, M. Mantler s’est adressé au Groupe de travail de l’ADC sur la reprise des activités pour parler des coûts personnels, organisationnels et économiques qu’entraîne le fait de négliger la santé mentale. Il a expliqué comment les entreprises et les organisations peuvent favoriser la santé et la sécurité psychologiques à partir de stratégies probantes. Il a donné l’exemple de l’Hôpital Michael-Garron de Toronto, un des premiers organismes à adopter la Norme nationale du Canada sur la santé et la sécurité psychologiques en milieu de travail . Depuis qu’il l’a intégré dans son programme de bien-être, cet établissement a constaté une tendance à la baisse des congés pour invalidité prolongée et de l’absentéisme. Aussi, le moral et la rétention du personnel se sont améliorés, les erreurs médicales ont diminué, la productivité s’est accrue et la satisfaction des patients a augmenté. Selon M. Mantler, toute personne peut travailler jusqu’à un certain point sur sa santé mentale, mais les lieux de travail, les établissements et les collectivités ont aussi une grande influence. Les dentistes prennent soin d’eux-mêmes et de leur équipe L’essentiel de l’ADC a joint un groupe de dentistes pour savoir comment ils arrivaient à s’occuper de leur cabinet pendant la pandémie ainsi que de la santé mentale et du bien-être de toute leur équipe, y compris d’eux-mêmes. Nombreux sont ceux qui ont trouvé la dernière année beaucoup plus stressante que la plupart des autres. Ils ont expliqué en quoi l’esprit de communauté et l’exercice physique les ont aidés. Plusieurs ont expliqué comment ils avaient réussi à instaurer une communication ouverte et un esprit de coopération au sein de leur cabinet. À quelque chose malheur est bon Avant la pandémie, la première préoccupation de la Dre Roxana Saldarriaga était de déterminer ce qu’elle allait faire à déjeuner pour sa famille. Aujourd’hui, elle commence plutôt par se demander si l’un des membres de sa famille a des symptômes. « Si un enfant renifle, il faut que je l’amène au centre de dépistage de la COVID-19 et cela veut dire qu’il n’ira pas à l’école jusqu’à l’obtention des résultats de test, raconte- t-elle. Je dois aussi annuler sans préavis et reporter tous les rendez-vous de la journée de mes patients, et tout cela sans compter l’anxiété causée par l’éventualité d’un résultat positif au test de dépistage. » Les mesures de prévention des infections au cabinet de la Dre Saldarriaga à Vancouver ont été considérablement amplifiées. Une nouvelle personne s’occupe de faire plusieurs séries de dépistage auprès des patients et de leur expliquer les nouveaux documents de consentement éclairé. L’aménagement du cabinet a été modifié pour ajouter des écrans en plexiglas à la Le fait d’avoir connu des « périodes sombres », comme il le dit, semble avoir aiguisé son sens de la compassion. Il amène des étudiants de l’Université de Toronto au CAMH et s’occupe avec eux de patients aux prises avec des troubles de santé mentale. « Tous les ans, une personne sur cinq au Canada vit avec un trouble de santé mentale, déclare le Dr Rosenbloom. Alors, même si on ne le voit pas, tous les dentistes travaillent avec des personnes qui ont un trouble de santé mentale. 2 » Avec ses collègues de l’Université de Toronto, le Dr Rosenbloom travaille à une stratégie pour favoriser le bien‑être des étudiants. « Nous sommes guidés par un principe directeur : “Parlons de santé mentale”, dit-il. À une époque, le sujet était tabou et encore aujourd’hui il suscite de forts préjugés. Mais il est bénéfique d’en parler, tant seul à seul qu’à l’échelle de la faculté. » Santé mentale durant une pandémie Chaque semaine, un demi-million de personnes au Canada sont incapables de travailler à cause d’un trouble de santé mentale 3 . Selon la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC), le personnel de la santé est 1,5 fois plus susceptible de s’absenter du travail pour des raisons de santé mentale que celui d’autres secteurs. Une étude a révélé que 84% des dentistes disent ressentir de l’épuisement professionnel 4 . Des données analysées par la P oint de mire 21 Numéro 1 | 2021 |

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