Volume 7 • 2020 • Numéro 6
E n juin, la Dre Firoozeh Samim a détecté des carcinomes épidermoïdes sur les bords latéraux de la langue de six patientes. Spécialiste certifiée en médecine buccale et en pathologie buccale travaillant à la faculté de médecine dentaire de l’Université McGill, la Dre Samim a été surprise par les caractéristiques démographiques de ces patientes : il s’agissait de femmes professionnelles âgées de 35 à 45 ans ne présentant aucun facteur de risque habituellement associé au cancer de la bouche. « Nous avons tous lu dans d’anciens manuels que les cancers de la bouche comme celui-ci sont plus courants chez les hommes âgés, explique la Dre Samim. Le tabagisme et la consommation d’alcool constituent des facteurs de risque. Par contre, je constate une augmentation de cas chez des personnes qui ne correspondent pas à ce profil. » La Dre Samim craint d’avoir mis le doigt sur une nouvelle tendance alarmante. « Nous devons mener plus de recherches pour comprendre les raisonsdecephénomène, poursuit-elle. Tout d’abord, j’aimerais attirer l’attention de mes collègues praticiens. Comme les dentistes voient leurs patients régulièrement, ils sont souvent les premiers à détecter les cas de cancer de la bouche. Et un cancer détecté à un stade précoce a de meilleures chances d’être bien traité. » Elle recommande d’examiner soigneusement toute la bouche, en particulier les zones à risque élevé comme les bords latéraux de la langue. La Dre Samim affirme que sur le plan clinique, les carcinomes épidermoïdes peuvent se manifester de façon différente chez les personnes plus jeunes et chez les plus âgées. « Pour l’une des patientes chez qui j’ai diagnostiqué un cancer en juin, le carcinome prenait la forme d’un ulcère superficiel sur le bord latéral de la langue », dit-elle. L’ulcère n’était pas induré et n’avait pas de bord roulé. Il avait une légère pseudomembrane jaunâtre. Depuis six mois, la patiente avait un problème de bruxisme et de douleur à la langue pour lequel elle avait reçu un diagnostic de douleur traumatique et d’ulcère qu’elle traitait au moyen d’une plaque occlusale nocturne. « Mais la douleur et l’ulcère ne se sont pas résorbés, dit la Dre Samim. Heureusement, la patiente a continué à consulter pour obtenir un bon diagnostic. » La biopsie effectuée par la Dre Samim a révélé que la lésion était en fait un carcinome épidermoïde envahissant. « Souvent, la douleur ne compte pas parmi les symptômes du cancer de la bouche, précise-t-elle. Or, cinq des six jeunes patientes atteintes d’un cancer de la bouche que j’ai rencontrées en juin se sont plaintes de douleur à la langue. » Les conseils de la Dre Samim pour ses collègues? « Ne présumez pas que chez les jeunes patients, une lésion peut être uniquement causée par un traumatisme. Si elle ne disparaît pas rapidement, faites une biopsie. » Le cancer de la bouche chez des jeunes femmes sans facteur de risque Ayant d’abord fait l’objet d’un mauvais diagnostic, cette lésion, non indurée et sans bord roulé, a été reconnue comme un carcinome épidermoïde après une biopsie. Dre Firoozeh Samim Spécialiste certifiée enmédecine buccale et en pathologie buccale à la faculté de médecine dentaire de l’UniversitéMcGill Regardez l’intégralité de la conversation avec la Dre Samim sur CDA Oasis : bit.ly/3aTya2y [en anglais] P ratico - pratique 33 Numéro 6 | 2020 |
Made with FlippingBook
RkJQdWJsaXNoZXIy OTE5MTI=