Volume 7 • 2020 • Numéro 5

médicaments paralysants et des analgésiques, tels le fentanyl et l’hydromorphone. » Le Dr Chow n’a aucun souvenir des cinq semaines qui ont suivi. derrière quand j’en ai eu besoin pour rester motivé et travailler à mon rétablissement », concède-t-il. La ventilation mécanique endommage souvent les cordes vocales. « J’ai une voix différente maintenant », trouve le Dr Chow, mais il s’estime chanceux que son sens du goût et de l’odorat soit inchangé. Après sept semaines, le tube d’alimentation a pu être retiré et le Dr Chow a pu boire un bouillon clair. « J’en redemandais. J’aurais voulu pouvoir commander à la chambre, mais un hôpital n’est pas un hôtel », dit-il en riant. Réapprendre à marcher a été une leçon d’humilité. Au début, le Dr Chow n’arrivait pas à mettre un seul pied devant l’autre, même avec une marchette. Au fil des semaines, il a gagné en force et en endurance. « Il y a tellement de choses que l’on tient pour acquises quand on est en bonne santé, dit-il. J’étais moniteur de ski avant. » Après 19 jours sous ventilateur, le Dr Chow était assez bien pour être débranché. Mais la sédation avait provoqué un délire chez lui. Il ne pouvait ni parler ni marcher. Il n’a pas reconnu son frère. Il ne pouvait pas avaler, ce qui fait qu’il a dû être nourri par un tube. Il avait perdu 18 kilos. En juin, il a discuté avec L’essentiel de l’ADC via Zoom depuis chez lui, à Port Coquitlam (Colombie-Britannique). Il souriait devant la webcam. De temps à autre, ses deux grands enfants, rentrés de l’université, circulaient en arrière-plan. « Je suis presque chanceux de n’avoir aucun souvenir. Je ne souffre pas de stress post-traumatique à cause de ce que j’ai vécu, avoue-t-il. Une fois que j’ai été mieux, j’ai appris tout ce qui s’était passé. À la maison, j’ai lu les textos que ma femme envoyait à notre famille élargie et j’ai appris beaucoup de choses que j’ignorais. » Huit jours après le prélèvement nasal et l’intubation du Dr Chow, son test de dépistage de la COVID-19 s’est révélé positif. Il a souffert d’une pneumonie bactérienne secondaire. Il a eu une infection au port de son cathéter central. La septicémie a affecté son foie et ses reins. Stacey pouvait seulement prendre des nouvelles de son frère à travers une fenêtre. Même Dana ne pouvait lui rendre visite. Après deux semaines, le Dr Chow semblait prendre du mieux et a été débranché du ventilateur, mais son taux d’oxygène dans le sang a chuté, ce qui fait qu’il a été réintubé. À mesure que de nouveaux traitements contre la COVID-19 étaient découverts, ses médecins les essayaient; ils ont placé le Dr Chow sur le ventre pour que l’oxygène atteigne plus facilement les parties inférieures de ses poumons. Après 19 jours sous ventilateur, le Dr Chow était assez bien pour être débranché. Mais la sédation avait provoqué un délire chez lui. Il ne pouvait ni parler ni marcher. Il n’a pas reconnu Stacey. Il ne pouvait pas avaler, ce qui fait qu’il a dû être nourri par un tube. Il avait perdu 18 kilos. « J’étais comme un zombie », dit-il. Son test de dépistage du virus a continué d’être positif pendant de nombreux jours. Une fois que les effets résiduels de la sédation se sont dissipés et qu’il a été déclaré négatif à la COVID-19, le Dr Chow s’est trouvé au pied d’une longe pente à remonter. Vu son résultat négatif, Dana a pu lui rendre visite, mais seulement quelques fois. « Un physiothérapeute m’a aidé à recommencer à marcher. Mes muscles s’étaient atrophiés et affaiblis parce que je ne pouvais pas bouger sous ventilateur, explique-t-il. Un orthophoniste m’a aidé à parler et à avaler. » Avant que le tube d’alimentation du Dr Chow puisse être retiré, il devait passer un test de gorgée barytée modifiée. Même s’il faisait tous les exercices prescrits par son orthophoniste, il a échoué au test à deux reprises. « J’étais pas mal déprimé et même fâché, confie-t-il. J’ai dit à ma femme : “je n’ai jamais rien échoué de ma vie”. » Le Dr Chow s’ennuyait des plaisirs de la bouche et rêvait de manger un fruit. Il avait envie de rôti de bœuf. « Je suis une personne assez positive. Et ma femme et mon frère m’ont botté le Hospitalisation et rétablissement P oint de mire 23 Numéro 5 | 2020 |