Volume 7 • 2020 • Numéro 4
« Les recommandations ont été élaborées pour aider les entités qui participent à l’évaluation et à la prise en charge des travailleurs de la santé infectés par ces virus hématogènes, précise le Dr Cleghorn. Il peut s’agir d’organismes de réglementation, de médecins traitants ou de groupes d’experts qui sont chargés d’évaluer chaque cas. Cette ligne directrice donne des conseils entourant le champ de pratique des travailleurs de la santé infectés. » Quelles sont les recommandations? Tous les travailleurs de la santé doivent respecter des pratiques de base, c’est-à-dire une série de normes et de principes de lutte contre les infections conçus pour protéger les patients contre l’exposition à des sources potentielles de maladies infectieuses, en tout temps et dans tous les milieux. Le non‑respect de ces pratiques de base pourrait entraîner la transmission de virus hématogènes. Tant que les travailleurs de la santé infectés adhèrent à ces pratiques de base, le risque de transmission d’un virus hématogène à un patient est négligeable, sauf dans le cas d’actes à risque de transmission. Si un travailleur infecté effectue un tel acte, le risque augmente, mais il demeure néanmoins minime. Les cas d’actes à risque de transmission renvoient à des procédures invasives au cours desquelles le sang d’une lésion chez un travailleur de la santé infecté risque de se retrouver dans les tissus ouverts d’un patient. En médecine dentaire, ces actes comprennent l’incision ou l’ablation de tout tissu buccal ou péribuccal, telle l’extraction chirurgicale d’une troisième molaire. Tous les travailleurs de la santé qui exécutent des actes à risque de transmission doivent connaître leur propre statut sérologique pour l’infection par le VIH, l’hépatite B et l’hépatite C. « La ligne directrice fait valoir que des cas de transmission ont été notés à la suite de plusieurs actes chirurgicaux et dentaires, dont la plupart correspondent a la définition ci-dessus, mais il manque de données pour catégoriser de manière définitive les interventions médicales et dentaires précises en fonction du risque de transmission », souligne le Dr Cleghorn. Le risque de transmission que présentent différentes interventions a été déterminé par consensus entre experts et non pas sur la base de chiffres. En conséquence, la ligne directrice ne fournit pas une liste détaillée de toutes les interventions qui pourraient être décrites comme des actes à risque de transmission. « Elle donne plutôt des critères pour classer ces actes et suggère que les experts des spécialités pertinentes les utilisent pour déterminer les interventions incluses. » À quoi cela ressemble-t-il dans le concret? « À l’Université Dalhousie, dans le but de mettre à jour notre politique sur les travailleurs de la santé infectés, nous avons formé un comité comptant des représentants de l’hygiène dentaire, de la parodontie et de la chirurgie buccale et maxillofaciale afin de convenir d’une définition des actes à risque de transmission fondée sur une revue bibliographique », précise le Dr Cleghorn. Si jamais un étudiant était infecté par un virus hématogène, l’Université Dalhousie a déterminé les interventions qu’il ne pourrait effectuer tant que son infection virale ne serait pas traitée médicalement. « Cette liste nous permettrait d’agir rapidement et de modifier le programme de formation clinique d’un étudiant jusqu’à ce que son état soit suivi par un médecin », explique le Dr Cleghorn. La ligne directrice fait ressortir l’importance de faire de la formation et de la sensibilisation pour prévenir les blessures en milieu de la santé. « Il est impossible de n’avoir aucun risque de transmission de virus hématogènes, indique le Dr Cleghorn. Mais il existe des vaccins d’immunisation contre l’hépatite B et des modalités de traitement très efficaces pour l’hépatite C et le VIH qui peuvent réduire la charge virale à un niveau indétectable. Alors, en fait, le risque de transmission peut être ramené à un niveau négligeable. » Messages à retenir pour les dentistes • Respectez les pratiques de base. En tout temps. • Faites-vous vacciner contre l’hépatite B. • Assurez-vous que vous et toute votre équipe avez la formation nécessaire pour prévenir et prendre en charge les lésions percutanées qui peuvent entraîner un risque de contracter l’hépatite B, l’hépatite C et le VIH. • Tous les travailleurs de la santé doivent connaître leur statut sérologique, surtout ceux qui effectuent des actes à risque de transmission. • Les travailleurs de la santé infectés par le VIH, l’hépatite B ou l’hépatite C qui n’effectuent pas d’actes à risque de transmission ne devraient faire l’objet d’aucune restriction de pratique. • Les travailleurs de la santé infectés qui effectuent des actes à risque de transmission doivent suivre les recommandations suivantes : a) ils doivent être suivis par un médecin spécialisé dans la prise en charge de leur virus hématogène particulier; b) ils doivent avoir un suivi médical qui correspond aux recommandations en vigueur pour leur maladie à diffusion hématogène; c) ceux qui sont atteints d’hépatite B devraient se voir retirer le droit de pratiquer des actes à risque de transmission jusqu’a ce que leur taux d’ADN du virus de l’hépatite B soit inférieur a 103 UI/ml (5 x 103 GE/ml). Aussi, leur taux devrait faire l’objet d’un contrôle régulier, tous les trois à six mois; d)ceux qui sont atteints d’hépatite C devraient se voir retirer le droit de pratiquer des actes à risque de transmission jusqu’a ce que leur charge virale soit indétectable pendant au moins 12 semaines après le traitement; e) ceux qui sont atteints du VIH devraient se voir retirer le droit de pratiquer des actes à risque de transmission jusqu’a ce que leur charge virale soit indétectable en raison d’un traitement antiretroviral efficace ou jusqu’à ce qu’ils aient été reconnus comme « contrôleurs élites ». P ratico - pratique 22 | 2020 | Numéro 4
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