Volume 7 • 2020 • Numéro 4
Le coût de ces tests est aussi un facteur qui entre en jeu. Actuellement, il en coûte environ 100 $ pour mener un seul test instantané. Je pense que leur fiabilité augmentera et leur prix diminuera, mais il faudra du temps. Q Lesquels de nos instruments dentaires pourrons-nous utiliser? Et qu’en sera-t-il des pompes à salive, des lasers et des seringues air-eau? AB : Il y a deux principales choses qu’il faut essayer d’éviter en temps de COVID-19 : les éclaboussures (grosses gouttelettes) et les aérosols (très fines gouttelettes). Les recommandations stipulent souvent d’« utiliser judicieusement une vitesse basse avec une succion à haut débit ». Cela veut dire de ne pas opter pour la vitesse maximale. Le fait d’aller lentement ramène le risque d’éclaboussures ou d’aérosols à des niveaux négligeables. Une pompe à salive ne limite pas les éclaboussures ni les aérosols. La plupart des nouveaux protocoles demandent une succion à haut débit. Je pense qu’à mesure que d’autres études seront publiées, la succion à haut débit deviendra le meilleur allié de la médecine dentaire. En tant que dentiste en santé publique, je porte un écran facial depuis les années 1990. Un tel écran fait voir les éclaboussures sous un tout autre jour. Nous allons devoir repenser presque tout ce que nous faisons pour éviter que les éclaboussures retombent sur nous et sur les surfaces dans les salles de traitement. Cela représente beaucoup de changements à apporter et, le premier jour, ce sera difficile. Mais, avec le temps, on s’y fera. Q Les pièces à main électriques seront-elles permises à des vitesses de rotation faibles? AB : Je pense que la question vient du fait qu’à basse vitesse, les pièces électriques produisent en principe très peu d’aérosols. Mais elles peuvent produire beaucoup d’éclaboussures. Et, je le rappelle, il faut essayer de réduire les aérosols et les éclaboussures. En santé publique, nous utilisons un réducteur de vitesse avec les pièces à main électriques, essayons de ne pas générer d’éclaboussures, irriguons avec de l’eau ou une solution saline et employons une succion à haut débit. Tout cela aide à réduire les risques. Je ne crois pas que nous utiliserons de contre-angle à prophylaxie à court terme parce qu’il tourne à une vitesse élevée et génère beaucoup d’éclaboussures. Q Combien de temps faut-il aux aérosols pour se déposer? Et quel sera le temps d’attente pour l’élimination des aérosols dans une salle de traitement après une intervention? AB : Malheureusement, cette question simple appelle une réponse complexe. Il n’y a pas de connaissances ou d’expériences scientifiques concluantes en la matière, surtout en médecine dentaire. Les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) ont examiné les aérosols en milieu hospitalier et publié des tableaux des temps d’attente recommandés en fonction de la ventilation. Combien de temps faut-il pour que les aérosols se déposent dans une pièce? La réponse dépend d’une équation complexe reposant sur la ventilation, la taille de la pièce et de nombreux autres facteurs. Les militaires canadiens mènent des tests préliminaires au sujet des interventions générant des aérosols et à ce qui est nécessaire pour les circonscrire en milieu dentaire. Ils évaluent l’incidence de la succion à haut débit et d’autres éléments pour limiter les aérosols. Les résultats ont surpris les militaires et les autres chercheurs. La quantité d’aérosols était parfois bien supérieure à ce qui était attendu et, dans d’autres circonstances, bien inférieure. Alors quel est le temps d’attente? D’habitude, les autorités réglementaires prennent le pire des scénarios et adoptent le principe de précaution. L’Université Dalhousie est arrivée à une période d’attente de 207 minutes pour ses directives. Selon le Collège royal des chirurgiens dentistes de l’Ontario, les dentistes devraient prévoir 180 minutes, ou 3 heures, pour que les particules se déposent dans une pièce. Quels facteurs peuvent raccourcir ce temps d’attente? Dans la pièce où j’exerce, nous connaissons le taux de changement d’air à l’heure. Plus ce taux est élevé, plus le temps d’attente est court. Pour déterminer le taux de renouvellement du volume d’air à l’heure et son incidence sur les aérosols dans une pièce en particulier, il faut un spécialiste du chauffage, de la ventilation et de la climatisation. Récemment, un dentiste militaire m’a rappelé un concept important. Le discernement exige deux choses : l’expérience et des connaissances. Et la plupart d’entre nous ne possèdent aucune expérience en ventilation. Les connaissances s’enrichiront au fil du temps. Une fois que les militaires auront fini leur recherche, le gouvernement accéléra l’évaluation des conclusions par des experts externes afin que nous puissions commencer à utiliser les données pour guider notre exercice de la médecine dentaire. Les opinions exprimées sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement les opinions ni les politiques officielles de l’Association dentaire canadienne. Il y a deux choses qu’il faut essayer d’éviter en temps de COVID-19 : les éclaboussures (grosses gouttelettes) et les aérosols (très fines gouttelettes). L’ADC sur le terrain 15 Numéro 4 | 2020 |
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