L’essentiel de l’ADC • Volume 7 • Numéro 2

28 | 2019 | Numéro 2 P ratico - pratique Consultez le site CDA Oasis pour entendre la Dre O’Toole parler des résultats de sa recherche et de l’intervention pour aider les patients à changer leurs habitudes alimentaires : wp.me/p2Lv6A-604 La consommation d’aliments ou de boissons acides avec les repas change-t-elle quelque chose? Oui, le risque est presque réduit de moitié quand ces aliments et boissons sont pris lors des repas. Il y a cependant des différences entre les fruits et les boissons. Manger un fruit lors d’un repas, même à chaque repas, n’augmente pas le risque d’érosion dentaire. Mais ce risque augmente si le fruit est consommé en dehors des repas, selon le nombre qui est mangé et la fréquence de consommation. Quant aux boissons acides, elles sont associées de façon significative à l’érosion dentaire, qu’elles soient bues durant les repas ou entre ceux-ci. Quel conseil pourrions- nous donner aux patients préoccupés par l’érosion dentaire? Des données solides suggèrent que, pour changer les comportements, il est inefficace de prodiguer des conseils simples aux patients, du type « Réduisez la quantité de jus ou de boissons gazeuses que vous buvez ». Alors notre équipe de recherche a conçu un plan de changement des comportements baptisé « If- Then » [si-alors], qui aide une personne à opérer des changements. Dans un essai contrôlé randomisé, nous avons donné des conseils alimentaires rudimentaires à la moitié du groupe et avons donné notre plan à l’autre moitié. Nous avons trouvé que les deux groupes prétendaient avoir réduit leur apport alimentaire en acide, mais que l’érosion dentaire était inférieure au bout de six mois seulement chez les personnes qui avaient reçu notre plan. Alors, nous croyons qu’une intervention visant à modifier les comportements est plus efficace que des conseils seulement pour aider les patients à changer leurs habitudes alimentaires. Comment fonctionne le plan « If-Then »? Ce plan amène le patient à déterminer le comportement qu’il veut changer, le substitut alimentaire qu’il choisira et les étapes qu’il prendra pour modifier son comportement, ce qui l’amène à cerner tous les obstacles qu’il rencontrera et des façons de les surmonter. Par exemple, je dis à mes patients : « Si vous voulez un fruit ou une boisson acide, prenez-en moins d’une fois par jour, et de préférence lors d’un repas. » Et j’essaie aussi d’intégrer une certaine planification. Je leur dis, par exemple : « Au lieu de votre jus le matin, que pourriez-vous boire? » En général, ils me répondent « Oh, je pourrais simplement boire de l’eau », ce qui pourrait être un substitut inintéressant pour eux. Alors, je leur dis : « Trouverez-vous cela satisfaisant ou préférerez-vous autre chose? » Ou, s’ils prennent habituellement une boisson gazeuse, je leur demande s’ils le font parce qu’ils cherchent à boire des bulles ou de la caféine, et puis je leur demande ce qui les aiderait à changer leur comportement. Comment le plan « If-Then » diffère-t-il des techniques d’entrevue motivationnelle? L’entrevue motivationnelle a déjà été mise à l’essai en milieu dentaire pour changer les comportements et des données montrent qu’elle peut être efficace. Toutefois, elle nécessite une formation intensive et repose sur une bonne relation entre le patient et le clinicien. Il n’est pas toujours possible d’y arriver avec un seul examen dentaire. Par contre, une intervention visant à modifier les comportements fournit une ligne de conduite et requiert peu de formation. Le clinicien et le patient déterminent rapidement le comportement à cibler, établissent un plan précis pour le changer, discutent des obstacles et planifient comment les surmonter. Tout cela se fait de manière objective sans nécessiter une relation bien établie. La planification d’actions a porté des fruits, peu importe le niveau de motivation du patient, ce qui contraste avec l’entrevue motivationnelle. Qu’avez-vous trouvé au sujet de l’hypersensibilité dentinaire? Nous savons que les acides alimentaires peuvent causer l’hypersensibilité dentinaire. Notre recherche a montré que les facteurs liés à la façon dont les aliments ou les boissons sont consommés, du point de vue du temps de contact des acides avec les dents, constituent un indicateur plus important de l’hypersensibilité dentinaire que de l’érosion dentaire.