L’essentiel de l’ADC • Volume 5 • Numéro 5

18 | 2018 | Numéro 5 L’ observatoire Crédit photo : David Lai Prix de distinction de l’Université de Toronto Dr James Leake Le Prix de distinction de l’Université de Toronto de 2018 a été remis au Dr James Leake en reconnaissance de son travail d’ardent défenseur de la recherche en santé publique au Canada. Reconnaissant l’excellence dans la communauté de recherche en santé bucco­ dentaire, ce prix est décerné à des personnes qui ont apporté une contribution exceptionnelle à la Faculté de médecine dentaire de l’Université de Toronto et à la société en général. « Merci au doyen Daniel Haas et à tout le corps professoral de m’avoir décerné le Prix de distinction de cette année. Ce qu’il y a de plus extraor- dinaire, c’est que ce prix me donne le privilège de m’adresser aux finissants. Je suis heureux d’avoir cet honneur. Cette occasion me ramène au jour où mes camarades de classe et moi étions à votre place, il y a 52 ans. Le Dr D. Carleton Williams, futur recteur de l’Université Western Ontario, s’était adressé à ma promotion. Il nous avait conseillé de ne pas oublier que nous devenions des professionnels. Non pas des professionnels comme des sportifs millionnaires qui tentent d’obtenir le contrat le plus lucratif, mais des professionnels au sens de membres d’un groupe qui exerce une profession publique et qui place les intérêts des autres avant les leurs. Ma génération et les subséquentes ont-elles suivi ces conseils? Pas complètement dans l’esprit du public et de certains observateurs de la profession. Un article de 2007 du New York Times avançait que « même si de nombreux patients n’ont pas de soins, les affaires des dentistes sont florissantes » (Berensen, 11 oct. 2007). Des sondeurs ont trouvé que, même si la majorité des Canadiens ont une image positive des dentistes, nombreux voient ceux-ci plus comme des gens d’affaires que des professionnels de la santé. Dans un article de 2001 du journal de l’Association dentaire américaine (Christensen, JADA, vol. 132, août 2001), l’auteur se plaint de l’attitude de certains de ses collègues qui : se laissent guider par l’aspect commercial et l’autopromotion, offrent ou prodiguent des soins excessifs, découragent les patients ne pouvant payer des frais élevés, ou fournissent seulement des soins quand ça les arrange. Un exemple amusant de cette dernière attitude s’est produit il y a quelques années, peu avant Noël. Je rendais visite à un collègue bien connu, le professeur Murray Thompson de Nouvelle-Zélande, et il m’a invité à l’accompagner à une rencontre de la Société dentaire d’Otago. Après son discours, ils ont commencé la réunion pour décider qui serait de garde pour les urgences durant les Fêtes. Eh bien, un a dit qu’il l’avait fait l’an dernier, un autre qu’il l’avait fait pendant deux ou trois ans auparavant, et un autre encore qu’il aimerait bien le faire mais qu’il serait absent. En fin de compte, la réunion s’est terminée en désignant ceux qui étaient absents et en convenant que chacun d’eux devait assumer la garde à leur tour. Alors, le comité exécutif a reçu l’instruction d’écrire aux traînards pour leur dire clairement qu’ils devaient faire leur devoir. Pour moi, et dans les mots de Yogi Berra, c’était du déjà vu puisqu’à peine un mois auparavant j’avais abordé le même sujet à la Société dentaire de Kingston, et les mêmes enjeux, les mêmes excuses et la même solution avaient été mentionnés. Bien que cet exemple de faiblesses humaines – 14 fuseaux horaires et 1 hémisphère plus loin – soit une drôle de coïncidence, il illustre bien le décalage entre les valeurs professées et les actions des personnes qui ne se joignent pas à leurs collègues pour assumer leurs responsabilités dans la diffusion de connaissances et la prestation de soins. J’avancerais que les valeurs de notre profession se fondent sur le respect : le respect de nos patients, de nos collègues, de notre communauté, et aussi de nous-mêmes et de nos familles. Je vous mets au défi de faire mieux que nous et de faire preuve de respect, plus clairement. Laissez-moi vous expliquer. Le respect de nos patients signifie qu’il faut s’occuper honnêtement des souhaits de ces derniers et de l’évaluation de leurs besoins. Dites la vérité sur les limites de votre diagnostic ainsi que des avantages et des inconvénients des options de traitement. Vous pouvez choisir de ne rien faire ou de prodiguer un traitement peu rémunérateur pour vous. Soyez honnête et établissez un climat de confiance. Le respect de vos collègues, selon moi, signifie que vous devez à votre tour être celui ou celle qui prend soin de clients ne pouvant pas payer et de bénéficiaires de l’aide sociale, qui assume la garde pour les urgences, qui organise la journée de golf de l’association, qui remplace un collègue malade et qui s’occupe de personnes placées dans un centre de soins. Soyez un chef de file généreux. Faire preuve de respect envers votre communauté signifie que, malgré les contributions de votre famille et tout le travail que vous avez fait pour être ici aujourd’hui, vous reconnaissez que la communauté vous a donné encore plus et vous lui êtes reconnaissants. Vous êtes dans doute nés dans un hôpital communautaire et vos maladies de l’enfance ont été prévenues ou guéries grâce à des fournisseurs de soins de santé publics; la plupart d’entre vous ont fréquenté une école élémentaire et secondaire pu- blique; la plupart d’entre vous vivent dans un environnement propre et sain qui est maintenu par des fonds publics amassés par nos impôts; et vous êtes tous arrivés ici en empruntant une voie publique ou le transport en commun. Les droits univer- sitaires que vous et moi avons payés sont bien inférieurs au coût que la société a dû assumer pour notre éducation. Cela Le Dr Leake nous a fait parvenir la transcription de son discours de remercie- ment, qu’il a prononcé lors de la cérémonie en juin.

RkJQdWJsaXNoZXIy OTE5MTI=